Front national : un séminaire pour se réformer

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Florian Philippot, Marine Le Pen et Louis Aliot, trois des visages du Front national. © Jacques DEMARTHON/AFP
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Camille Girerd avec Margaux Baralon , modifié à
RÉUNION DE FAMILLE - Le parti se réunit à partir de vendredi en banlieue parisienne pour fixer sa stratégie à l'approche de la présidentielle.

Se réformer sans s'écharper. C'est l'objectif du Front national, qui réunit une cinquantaine de cadres ou de proches du parti à partir de vendredi, et pour trois jours, autour de sa présidente, Marine Le Pen. Ce séminaire de réflexion doit permettre à la formation de fixer une stratégie pour briser le "plafond de verre électoral" qui semble la condamner à ne jamais passer la barre du second tour des élections.

Un "travail introspectif" après les régionales. Les élections régionales de décembre ont laissé un goût amer au Front national. Après de bons résultats au premier tour, et malgré une hausse du nombre de voix recueillies au second, le parti était reparti sans une seule région. Nombreux avaient alors été ceux qui appelaient, à l'instar de Bruno Gollnisch, à se lancer dans un "travail introspectif" pour tirer les leçons du scrutin.

Affrontements sur le changement de nom... "Evoquer tous les sujets sans tabou" est donc le mot d'ordre de Marine Le Pen. La question de l'image du Front national et, avec elle, celle d'un changement de nom, sera au programme. Deux lignes s’affrontent : ceux, majoritaires, qui restent attachés à la marque FN et ceux qui y voient un repoussoir pour de nouveaux électeurs potentiels. Nicolas Bay, secrétaire général du parti, s'est ainsi dit opposé, sur Europe 1, à un "ripolinage de surface", estimant que "les conditions n'étaient pas forcément réunies" actuellement pour un changement de nom. A l'inverse, Florian Philippot et Walleyrand de Saint Just, mais aussi Gilbert Collard ou Robert Ménard, deux proches du Front national sans pour autant y être affiliés, militent pour une évolution.

...et l'abandon de l'euro. Autre sujet qui divise beaucoup dans le parti : le projet politique et, surtout, la ligne économique. Plusieurs cadres frontistes aimeraient que la sortie de l’euro soit beaucoup moins mise en avant dans les discours afin de ne pas effrayer l’électorat de droite, notamment les retraités, inquiets pour leur épargne, et les catégories socio-professionnelles supérieures. Jean-Lin Lacapelle, nouvel homme fort du Front national depuis sa nomination au poste de secrétaire national aux fédérations et à l'implantation, a annoncé la couleur dans une interview à l'hebdomadaire d'extrême droite Minute : "Nous devons réfléchir pour voir si l'on peut préserver l'euro et le faire évoluer ou s'il faut changer de monnaie, c'est-à-dire revenir au franc". Florian Philippot, lui, menace de quitter le parti si cette mesure devait être abandonnée.

Florian Philippot contesté. Comme pour toute réunion de famille, Marine Le Pen devra donc veiller à ce que ce week-end ne vire pas au règlement de comptes. La tâche s'annonce difficile. L’influence de son numéro 2, Florian Philippot, agace en interne. Le vice-président cristallise les oppositions. "Il a été très gâté pendant de nombreuses années, c’est l’heure du rééquilibrage", résume un cadre...