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avec AFP , modifié à
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a mis fin à la séance de questions au gouvernement jeudi, après une interpellation raciste dans l'hémicycle qui a provoqué l'indignation des députés. "Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a réagi la première ministre Élisabeth Borne.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a mis fin à la séance de questions au gouvernement jeudi, après une interpellation raciste dans l'hémicycle qui a provoqué l'indignation des députés. Lors d'une intervention du député LFI Carlos Martens Bilongo sur le "drame de l'immigration clandestine", le député RN Grégoire de Fournas a lancé dans l'hémicycle "qu'ils retournent en Afrique" ou "qu'il retourne en Afrique". Après quelques minutes de confusion, la présidente de l'Assemblée a mis fin à la séance "compte tenu de la gravité des faits" et de "l'émotion légitime" dans l'hémicycle.

"Cette phrase a été détournée"

De son côté, le groupe RN nie que son député ait visé l'élu LFI. Sur BFMTV, le député Grégoire de Fournas se défend en expliquant que "cette phrase a été détournée par la France Insoumise qui cherche tous les prétextes à faire des interruptions de séance. Ils ont compris, ce que j'ai eu moi-même du mal à réaliser que je parlais du député, ce qui est évidemment totalement faux". Le député de la Gironde explique avoir lancé "qu'ils retournent en Afrique" en parlant des bateaux transportant les migrants. "Il n'y a absolument rien de problématique, c'est dans notre programme le fait d'arrêter les vannes migratoires et d'arrêter le rôle des bateaux sur la Méditerranée."

Suite à cette intervention, le groupe Renaissance a indiqué qu'il "ne siègera plus" tant que le député RN accusé d'avoir lancé dans l'hémicycle des propos racistes à l'encontre de son collègue LFI ne sera pas lourdement sanctionné. "Nous ne siègerons plus tant qu'une sanction lourde (n'aura) pas été prononcée (...). Le vernis est en train de craquer. C'est ça le Rassemblement national", a relevé le vice-président du groupe Sylvain Maillard devant la presse. "Marine Le Pen doit exiger sa démission sans délai", a tweeté de son côté Stéphane Séjourné, numéro un du parti présidentiel.

Le sujet sera au menu du prochain bureau de l'Assemblée, sa plus haute instance collégiale, avancé à vendredi. De source parlementaire, le député concerné est passible d'une "censure simple", soit la privation pendant un mois de la moitié de l'indemnité parlementaire ou d'une "censure avec exclusion temporaire", c'est-à-dire la privation pendant deux mois de la moitié de l'indemnité allouée au député avec interdiction de prendre part aux travaux de l'Assemblée et de reparaître au Palais Bourbon pendant quinze jours.

Un torrent de réactions politiques

Sur Twitter, de nombreuses figures politiques ont réagi rapidement à l'incident. "Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a prévenu jeudi la Première ministre, Élisabeth Borne, en indiquant que "naturellement", le bureau de l'Assemblée nationale "devra prendre des sanctions".  

Jean-Luc Mélenchon a condamné ces propos en parlant de "honte". "Voilà le RN parti de guerre civile et de racisme. De tels propos à l'Assemblée nationale française sont au-delà de l’intolérable." La députée Mathilde Panot a estimé "qu'aujourd'hui, l'extrême droite a montré son vrai visage", avant d'indiquer à la presse "nous allons demander la sanction la plus forte, l'expulsion pour plusieurs mois" de ce député." Danielle Obono, également élue LFI, s'est également exprimée sur Twitter et parle de "la haine raciste, crasse débridée qui s'exprime au cœur de la République".

De l'autre côté de l'Assemblée, les députés RN parlent d'un détournement des propos de leur collègue. "C'est plutôt une manipulation pas très classe de LFI", a quant à lui estimé Sébastien Chenu, vice-président RN de l'Assemblée. Jordan Bardella a pris la défense du député de la Gironde. "L'alliance de l'extrême malhonnêteté entre la France insoumise et le gouvernement est pitoyable et ne trompera personne", a-t-il tweeté.

Marine Le Pen dénonce "une polémique grossière" des "adversaires" du RN. Néanmoins, dans un tweet, elle précise que Grégoire de Fournas "a évidemment parlé des migrants transportés en bateaux" et non des bateaux eux-mêmes comme le martèle le député RN.