Boualem Sansal : l'Algérie «accepte» de gracier l'écrivain franco-algérien, emprisonné depuis un an
Près d'un an après l'arrestation et le placement en détention de Boualem Sansal en Algérie, le pays a "accepté" de gracier l'écrivain de 81 ans. Ce dernier avait été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion, dans un contexte de tensions diplomatiques entre l'Algérie et la France.
Boualem Sansal est libre. Condamné à cinq ans de prison en Algérie, pays où il est emprisonné depuis près d'un an, l'écrivain franco-algérien va être gracié par le président Abdelmajid Tebboune. L'affaire avait provoqué de vives tensions diplomatiques entre la France et l'Algérie et c'est finalement grâce à l'intervention de l'Allemagne que Boualem Sansal va pouvoir retrouver la liberté.
Berlin a demandé ce lundi 10 novembre le transfert de l'écrivain de 81 ans, atteint d'un cancer de la prostate, pour qu'il puisse y être soigné. Abdelmadjid Tebboune a donc "répondu favorablement" à la demande de son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier. "Le président a réagi à cette demande, qui a retenu son attention en raison de sa nature et de ses motifs humanitaires", selon le communiqué.
Condamné à 5 ans de prison
"Un tel geste serait l’expression d’une attitude humanitaire et d’une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", avait déclaré le chef d'État allemand en début de semaine.
Le 1er juillet, la Cour d'appel d'Alger avait confirmé une peine de cinq ans de prison prononcée en première instance le 27 mars. Boualem Sansal avait déclaré que, durant la colonisation, l'Algérie avait hérité de territoires appartenant jusque-là au Maroc. Mais ce sont surtout les critiques répétées de l'écrivain à l'encontre du régime autoritaire de Tebboune qui le plaçaient dans le collimateur du pouvoir algérien. Boualem Sansal, qui avait obtenu la nationalité française en 2024, était également un pourfendeur de l'idéologie islamiste.
Ces dernières semaines, la France a de nouveau demandé avec force la libération de l'écrivain, arrêté à l'aéroport d'Alger le 16 novembre 2024, ainsi que du journaliste sportif Christophe Gleizes en attente de son procès en appel le 3 décembre après avoir été condamné fin juin à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme". Mais la crise diplomatique entre les deux pays rendait les discussions pour le moins complexes.
Sébastien Lecornu exprime le "soulagement" du gouvernement français
En juillet 2024, la France avait soutenu un plan d'autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental, un territoire revendiqué à la fois par Rabat et par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Depuis, les autorités algériennes ont refusé, à plusieurs reprises, de rapatrier plusieurs de ses ressortissants qui faisaient pourtant l'objet d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Bruno Retailleau, lorsqu'il occupait le poste de ministre de l'Intérieur, avait décidé de durcir le ton face à Alger et de s'opposer fermement au président Tebboune, avec des mesures de rétorsion, comme sur les visas ou la coopération sécuritaire. La crise s'était également matérialisée par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre.
L'Allemagne et l'Italie étaient considérés comme des médiateurs qui travaillaient en coulisses en faveur de l'écrivain. Des rumeurs avaient déjà circulé ces derniers mois sur un éventuel transfert en Allemagne. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a, dans la foulée, exprimé le "soulagement" du gouvernement français et a "remercié du fond du coeur celles et ceux qui ont contribué à cette libération, fruit d'une méthode faite de respect et de calme".