Interview d’Emmanuel Macron : Bourdin et Plenel devaient-ils l’appeler "Monsieur le président" ?

Jean-Jacques Bourdin n'a cessé d'appeler Emmanuel Macron par son nom, dimanche.
Jean-Jacques Bourdin n'a cessé d'appeler Emmanuel Macron par son nom, dimanche. © FRANCOIS GUILLOT / POOL / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Les deux journalistes ont surpris et parfois choqué par leur volonté d’appeler le chef de l’État par son nom plutôt que par sa fonction, dimanche soir.

"Fonction piétinée", "déni de démocratie", "familiarité"… Au fil de la longue interview d’Emmanuel Macron, dimanche soir, de nombreux internautes se sont offusqués de la manière dont il fut interpellé par les deux journalistes présents au palais de Chaillot, Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel. Un avis partagé par de nombreux journalistes et responsables politiques, ministres ou membres de l'opposition, irrités de l'absence de cette "marque de respect" à l'égard du plus haut personnage de l'État. Sur Europe 1, l'éditorialiste Catherine Nay a aussi déploré ce choix délibéré des journalistes : "Pas une fois ils ne l’ont appelé Monsieur le président, comme si cela leur écorchait la bouche."

"Rien dans la Constitution". Si aucun journaliste n’avait jusqu’alors jamais ostensiblement refusé d’appeler un président de la République par son titre lors d’un entretien télévisé, rien n’obligeait les deux intervieweurs pugnaces à le faire, malgré la tradition dans ce genre d’exercice. "La Constitution ne dit rien sur le sujet que vous soulevez", rappelle d’ailleurs à Europe1.fr le Conseil constitutionnel, pour qui il s'agit simplement d'un usage républicain.

L’Académie française confirme que "d’un point de vue grammatical, il n’y a rien qui oblige" les deux journalistes à l’appeler "Monsieur le président". L’institution rappelle que cette question des titres avait fait polémique lors du débat d’entre-deux-tours en 1988, quand Jacques Chirac avait refusé que François Mitterrand l’appelle "Monsieur le Premier ministre", ce qui, techniquement, était encore le cas. "Quel que soit le titre, il n’est jamais obligatoire de s’y référer avant le nom", précise l’Académie. Ce refus peut néanmoins poser quelques problèmes auprès d’une hiérarchie fidèle aux traditions, comme chez les officiers, par exemple.

"Acte déférent". "Ici, on peut penser que les journalistes n’ont pas voulu se mettre dans une position d’infériorité", ajoute l’Académie française. Pour se défendre de ne pas avoir eu recours à cet usage républicain, Jean-Jacques Bourdin a en effet avancé qu’il voulait un échange équitable au palais de Chaillot : "Nous sommes sur le même plateau, je ne vois pas pourquoi j’aurais tout à coup cet acte déférent. (…) Ce n’est pas pour autant que je ne respecte pas la fonction présidentielle", a-t-il expliqué sur BFM TV, lundi. 

"Le fait d'occuper des responsabilités et qu'on respecte la fonction n'empêche pas qu'on reste des égaux", a indiqué à Brut Edwy Plenel.