Hollande : un discours musclé contre la droite et le candidat Sarkozy

François Hollande a attaqué les candidats à la primaire jeudi 8 septembre.
François Hollande a attaqué les candidats à la primaire jeudi 8 septembre. © AFP
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Dans un discours très offensif aux accents de campagne électorale, François Hollande s’en est pris aux propositions de la droite et à son adversaire de 2012, Nicolas Sarkozy. 

Ses partisans attendaient un signe, ils n’ont pas été déçus. Jeudi midi salle Wagram à Paris, le président de la République a prononcé un discours sur sa vision de la France, aux accents de campagne électorale. Fil rouge de l’allocution de François Hollande : les propositions de la droite et de son ancien adversaire Nicolas Sarkozy qu’il s’est méthodiquement employé à égratigner.

  • Hollande, rempart contre ceux qui veulent détruire l’Etat de droit

Le président de la République s’en est d’abord pris à ceux qui veulent limiter l’Etat de droit pour mieux combattre le terrorisme. Dans son viseur : Nicolas Sarkozy, qui après l’attaque terroriste de Saint Etienne du Rouvray, avait déclaré que "les arguties juridiques, les précautions, les prétextes à une action incomplète ne sont pas admissibles".

Réponse de François Hollande : "les principes constitutionnels ne sont pas des arguties juridiques. La liberté d’aller et venir, argutie juridique ? La liberté d’expression, argutie juridique ? La liberté de culte, argutie juridique ?" Avant de se faire plus moqueur  alors que les ennuis judiciaires de Nicolas Sarkozy sont loin d’être terminés :"la présomption d’innocence, bien commode à brandir quand il s’agit de plaider pour son propre compte". Pour le chef de l’Etat, la seule voie efficace,"c’est l’Etat de droit, c’est le choix que j’ai fait". "Il est tellement plus simple de convoquer les peurs, de flatter les mauvais sentiments", a-t-il encore raillé, avant d’ajouter : "il est toujours plus commode d’opposer les uns aux autres en prétendant qu’il y aurait eux et nous".

  • Sa vision de la laïcité et de la place de l’Islam

Après l’Etat de droit, François Hollande a embrayé sur sa vision de la laïcité et de la place dans l’Islam, vision qu’il veut très opposée à celle de Nicolas Sarkozy. Expliquant que "la laïcité ne s’oppose pas à la pratique de l’Islam", il a pris clairement position sur le débat de cet été : la polémique du burkini. "Tant que je suis président de la République, il n’y aura pas de législations de circonstances aussi inapplicables qu’inconstitutionnelles", a-t-il martelé. Au contraire, Nicolas Sarkozy avait réclamé une loi interdisant le port de ce maillot de bain couvrant car "porter un burkini est un acte politique, une provocation". "Nos lois suffisent, il faut les appliquer", lui a rétorqué François Hollande. "La République est une et indivisible, elle ne distingue pas entre ses enfants", a-t-il asséné.

  • L’identité française

Autre sujet qui sera au cœur de la campagne et cher à Nicolas Sarkozy : l’identité française. En entrant en campagne, l’ancien chef de l’Etat avait ainsi placé l’identité en tête des "défis" qu’il entend relever. Son principal concurrent Alain Juppé avait lui au contraire évoqué "l’identité heureuse". François Hollande les a renvoyés dos à dos : "l’identité, elle n’est ni malheureuse ni heureuse". Pour le président de la République, "elle n’est pas figée dans le temps, ce n’est pas une contemplation du passé, une recherche obstinée de nos racines pour savoir à quel point on est français". "La France, c’est une idée, un projet", a-t-il affirmé. Avant d’affirmer plus clairement ses ambitions : "je ne laisserai pas la France être abîmée (…) voir ses libertés mises en cause ou son Etat de droit contesté. C’est le combat d’une vie".

  • Hollande raille la droite et sa soif du pouvoir

Outre Nicolas Sarkozy ou Alain Juppé, c’est la droite toute entière que François Hollande a raillée. "Ils pensent que le pouvoir est là, à portée de main" et "que l'élection (présidentielle), c'est la primaire" organisée par Les Républicains (20-27 novembre). Le président de la République a aussi rappelé qu’encore "jusqu’au mois de mai", il était "le seul qui ait reçu l’onction du suffrage universel"."Ce n’est pas facile une élection", a-t-il poursuivi : "il faut s’y préparer et respecter les citoyens".