Gaza : à gauche, la réaction française jugée trop frileuse

Emmanuel Macron Jean-Yves Le Drian
Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian ont appelé les forces israéliennes à la "retenue". Insuffisant, pour une partie de la gauche. © Ludovic MARIN / POOL / AFP
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Plusieurs responsables politiques de gauche ont pourfendu la réaction gouvernementale aux violences meurtrières survenues à Gaza. Selon eux, l'exécutif s'est montré timide face aux exactions israéliennes.

Le langage diplomatique n'a pas plu à tout le monde. À gauche, nombre de responsables politiques se sont agacés de la réaction officielle de la France aux violences meurtrières survenues à la frontière de la bande de Gaza, lundi. Alors qu'au moins 59 Palestiniens qui manifestaient contre le déménagement de l'ambassade américaine à Jérusalem ont été tués par des soldats israéliens, les appels à la "retenue" du gouvernement français ont été jugés trop timides.

"Retenue" et "discernement". Lundi soir, dans un communiqué, l'Élysée a "condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants" palestiniens à Gaza. Emmanuel Macron a "déploré le grand nombre de victimes civiles palestiniennes" et appelé à "la retenue et à la désescalade". Un peu plus tôt dans la journée, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait lui aussi demandé aux "autorités israéliennes [de] faire preuve de discernement et de retenue dans l'usage de la force, qui doit être strictement proportionné". Mardi matin, Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, a repris exactement les mêmes termes sur BFM TV.

"Coupable silence". De quoi profondément agacer Ian Brossat, adjoint PCF à la mairie de Paris en charge du Logement. "Ces gens font honte à notre pays, a-t-il écrit sur Twitter. En appeler au 'discernement et à la retenue' quand 52 Palestiniens [le bilan a été revu à la hausse après, NDLR] meurent dans un bain de sang ? Quelle pitié de voir notre gouvernement incapable d'appeler à autre chose qu'à la retenue." Pierre Laurent, secrétaire national PCF, a quant à lui condamné sur le même réseau social le "coupable silence" du gouvernement, qui devrait plutôt, selon lui, "agir pour protéger le peuple palestinien".

Mélenchon veut convoquer l'ambassadrice israélienne. Du côté de la France Insoumise aussi, les réactions de l'exécutif ont été jugées trop timides. "Le gouvernement appelle tout le monde à faire preuve de responsabilités. Ça veut dire quoi pour les Palestiniens ? Mourir en silence, ne rien dire sur l'ambassade US à Jérusalem ?", s'est demandé le député Eric Coquerel sur Twitter. Ses collègues Jean-Luc Mélenchon et Adrien Quatennens ont, eux, respectivement réclamé la convocation de l'ambassadrice d'Israël à Paris par l'Élysée et une "opposition sans réserve" de la France.

"Condamnations de pure forme". Prompt à monter au créneau médiatiquement ces derniers jours, Benoît Hamon, ex-PS fondateur de son mouvement Génération.s., a souligné de son côté que "la France ne peut pas se contenter de condamnations de pure forme". Interrogé sur RTL mardi matin, l'ancien candidat socialiste à la présidentielle, qui est favorable à la reconnaissance de l'État palestinien, a sévèrement jugé l'action d'Emmanuel Macron au Proche-Orient. "Il brille dans les magazines mais il fait peu briller la diplomatie française", a-t-il déclaré, estimant que le président de la République est "inoffensif".