Eric de Moulins-Beaufort 1:08
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avec AFP , modifié à
Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a dit mardi à Emmanuel Macron son "inquiétude" quant à une éventuelle évolution de la législation sur la fin de vie. Cette rencontre avait lieu deux semaines après la publication de l'avis du Comité consultatif national d'éthique sur le sujet.

"Nous lui avons dit notre inquiétude qu'en ouvrant un droit nouveau, on donne l'impression que, finalement, la société veut encourager certains à renoncer à vivre", a déclaré Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), ce mardi après un entretien d'"une heure" d'une délégation de la CEF avec Emmanuel Macron.

Cette rencontre avait lieu deux semaines après la publication de l'avis du Comité consultatif national d'éthique, qui a jugé qu'une "aide active à mourir" pourrait s'appliquer en France, mais "à certaines conditions strictes".

Des conclusions attendues en mars 2023

Un débat va désormais s'engager, notamment au sein d'une Convention citoyenne, "constituée dès octobre", qui rendra ses conclusions en "mars 2023". L'exécutif reçoit par ailleurs l'ensemble des acteurs concernés, dont, depuis mercredi dernier, les différents responsables de culte. Le président "nous a exposé la nécessité d'avoir différents niveaux de débats et sa volonté de ne pas diviser la société française sur ce sujet", a affirmé l'homme d'Eglise. Selon lui, Emmanuel Macron "s'est dit tout à fait décidé à prendre en compte ce qui sortira des débats dans ses différentes composantes".

Lors de l'entretien, l'épiscopat a également souligné "l'importance" portée "au développement" et à "l'effectivité des soins palliatifs, encore très mal répartis en France". Le chef de l'Etat "partage cette inquiétude là, globalement, mais il insiste sur la nécessité aujourd'hui de réfléchir au cas des personnes conscientes mais atteintes d'une maladie incurable, qui, librement, après en avoir parlé à leur famille et avec l'accord des médecins, estiment qu'elles n'ont pas envie de vivre les derniers mois qu'il leur reste".

Eric de Moulins-Beaufort a par ailleurs aussi exposé les "processus mis en place, ou en cours", au sein de l'Eglise catholique de France depuis le rapport Sauvé qui, il y a presque un an, avait documenté l'ampleur de la pédocriminalité dans l'Eglise depuis 70 ans. La loi de 2021 dite "contre le séparatisme", qui selon les églises chrétiennes porte atteinte à la liberté de culte, ou encore la situation "en Arménie et en Ukraine" ont également été au menu de la discussion.

Le point mis sur les soins palliatifs

Pour le père Hugues de Woillemont, porte-parole de la conférence des évêques de France au micro d'Europe 1, la priorité doit être donnée au développement des soins palliatifs. La fin de vie, "c'est un sujet qu'on ne peut aborder n'importe comment et nous avons pu le dire au président. Nous avons également souhaité lui dire l'importance des soins palliatifs et le déploiement de ces soins, insuffisant en France", explique-t-il.

Aussi, Hugues de Woillemont ajoute que les évêques ont insisté "sur la qualité d'un débat, qui soit ouvert, qui prenne en compte les paroles et l'expérience d'acteurs très différents".