Pour Jonathan Denis, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, la mise en place de cette nouvelle loi sur la fin de vie est nécessaire. 5:36
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Ophélie Artaud , modifié à
Cette semaine, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d'une convention citoyenne sur la fin de vie, qui pourrait déboucher sur une nouvelle loi. Une manière de relancer le débat sur ce sujet et de le faire évoluer, comme le souhaite Jonathan Denis, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité, invité ce samedi sur Europe 1.
INTERVIEW

Il y a quelques jours, le Comité d'éthique a pour la première fois jugé possible une aide active à mourir strictement encadrée, à des "conditions strictes". Au même moment, Emmanuel Macron a annoncé lancer une convention citoyenne en vue d'une possible loi sur la fin de vie. Pour le moment, en France, seule la loi Claeys-Leonetti existe : elle permet d'accompagner vers la mort une personne dont le pronostic vital est engagé à court terme au moyen d'une sédation profonde. Invité de Lénaïg Monier ce samedi matin, Jonathan Denis, président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), a affirmé qu'il fallait "écouter toutes les paroles" et que "l'ADMD y prendra toute sa place comme l'ensemble des citoyens et des soignants".

Plus de neuf Français sur dix favorables à l'aide à la fin de vie

Selon lui, la mise en place de cette convention citoyenne "permet d'écouter tout le monde, ce qui est important dans ce débat". Le président de l'ADMD regrette tout de même tout le "temps perdu, parce que des conventions, des commissions, des rapports, on en a eu beaucoup depuis des dizaines d'années. Il ne faut pas oublier qu'il y a un an et demi, en avril 2021, une majorité de députés ont, pour la première fois à l'Assemblée nationale, voté l'article premier de la proposition de loi d'Olivier Falorni légalisant l'aide active à mourir. Donc le texte est prêt", insiste-t-il.

 

"Gagnons du temps, remettons le texte sur la table, faisons discuter les députés ensemble, votons ce texte-là. La convention citoyenne durera six mois. Il faut que toutes les parties prenantes puissent vraiment parler calmement, sereinement. J'espère juste que ce débat ne sera pas confisqué par les plus extrêmes", ajoute-t-il.

Un débat important, même si l'opinion semble très majoritairement en faveur de l'aide à la fin de vie. Selon les chiffres avancés par Jonathan Denis, "90 et 96%" des Français seraient en faveur d'une liberté de choix dans la fin de vie. "Ça ne veut pas dire que neuf Français sur dix vont demander l'euthanasie. Neuf Français sur dix se disent qu'il faut une liberté de choix dans la fin de vie, c'est-à-dire l'aide active à mourir, la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté, et puis un véritable accès universel aux soins palliatifs", précise-t-il au micro d'Europe 1.

"Les soignants doivent être respectés" dans leur choix

La mise en place de cette nouvelle loi est nécessaire pour l'ADMD qui rappelle qu'elle "va permettre de respecter les choix de chacun, de dire à des Français 'vous n'avez plus à vous exiler en Belgique ou en Suisse pour bénéficier d'une aide active à mourir, pour pouvoir mourir dans les définitions de votre propre dignité, de votre propre liberté'", insiste Jonathan Denis. "On va leur dire 'on va vous accompagner jusqu'au bout'."

Quant à la possibilité que certains médecins refusent de pratiquer cette euthanasie, le président de l'ADMD considère que "les soignants doivent être respectés [...]. Il faudra mettre une clause de conscience dans cette loi : on ne peut pas demander la liberté de choix et dire aux médecins qu'ils sont obligés de pratiquer l'euthanasie." Pour Jonathan Denis, l'objectif est surtout "d'arrêter de faire croire à cette exception française qui fait que depuis 20 ans, on n'arrive pas à évoluer sur le sujet."