Face à Poutine, Emmanuel Macron trace une ligne rouge

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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1 , modifié à
Emmanuel Macron met en place une une nouvelle doctrine de politique étrangère vis-à-vis de la Russie sur le dossier syrien : une main tendue, et une autre armée prête à frapper.

Négocier des deals et des fusions acquisition à la banque Rothschild & Cie est visiblement une bonne formation à l’art de la diplomatie. Le banquier Macron avait l’habitude de recevoir ses interlocuteurs dans les salons luxueux de l’avenue de Messine, déjeuners en livrée, service impeccable, et ne les laissait repartir qu’une fois la négociation terminée. Le président Macron reçoit Vladimir Poutine à Versailles, et ne le laisse repartir qu’une fois les nouvelles règles établies.

Retour de la puissance Française. On a assisté lundi à un numéro de haute voltige diplomatique. Le préalable : ce qui s’est passé avant moi n’existe pas, on écrit une nouvelle page. La main tendue : la Russie est partie intégrante dans la résolution de la crise syrienne, le départ de Bachar al-Assad n’est plus un préalable, il n’est même pas qualifié de "tyran". La main armée : s’il y a utilisation d’armes chimiques la France ripostera immédiatement. Il y a un côté retour de la puissance française.

Un état de grâce à l'international. Emmanuel Macron a relégué au passé les rapports Hollande-Poutine déplorables, les recouvrant des ors de Versailles. Avec un Donald Trump baroque, imprévisible, une Theresa May repliée sur le Brexit, et une chancelière allemande influente, certes, mais qui n’a pas l’atout de la modernité, le champ est dégagé pour un président français jeune, très bien élu et qui bénéficie d’un état de grâce non pas en France mais à l’international.

Vladimir Poutine, redoutable animal politique, a un sens aigu du rapport de forces, il a tous ses éléments en tête, il prend ce qu’il y a à prendre : un nouveau départ et il répond à la flatterie par la flatterie en comparant Emmanuel Macron à Pierre Le Grand.

Un pari risqué. Mais évidemment, rien n’est joué. C’est le début de la partie et Emmanuel Macron a pris date et il engage la France et nos forces armées. En août 2013, Barack Obama a renoncé à frapper sans l’accord de l’ONU après l’utilisation d’armes chimiques par Bachar al-Assad, la Grande-Bretagne aussi s’est couchée. Emmanuel Macron secrétaire général adjoint de l’Elysée a assisté de près à ces revirements. Il engage aujourd’hui sa parole et celle de la France. Si sa main tremble le jour venu, Versailles ne résistera pas à l’oubli et la diplomatie française au fiasco.