"Est-ce encore l'État de droit ?" : à l'Assemblée, Jean-Luc Mélenchon revient sur la perquisition à son domicile

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "une mise en scène". (Photo d'archives)
Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "une mise en scène". (Photo d'archives) © STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Le chef de file des Insoumis a dénoncé mardi une perquisition "sans aucun motif d'urgence". 

Lors des questions au gouvernement, mardi, à l'Assemblée nationale, Jean-Luc Mélenchon a interpellé le Premier ministre Édouard Philippe sur la perquisition à son domicile, ainsi qu'aux sièges de la France insoumise et du Parti de gauche. Alors que ces perquisitions se déroulaient mardi dans le cadre d'enquêtes ouvertes par le parquet sur de présumés emplois fictifs au Parlement européen et sur ses comptes de campagne pendant la présidentielle, le député des Bouches-du-Rhône a dénoncé des perquisitions "sans aucun motif d'urgence". 

"La plainte initiale date d'il y a un an, de quelqu'un qui a dit elle-même que c'était une plaisanterie pour complaire à Madame Le Pen qui ne lui avait d'ailleurs rien demandé", a déclaré au micro Jean-Luc Mélenchon, faisant référence au signalement de Sophie Montel, ancienne eurodéputée FN, duquel était parti l'enquête sur les présumés emplois fictifs au Parlement européen. 

Il dénonce "une mise en scène". "Un an et demi après, on fait une perquisition chez moi (...) Je ne me plains pas d'être perquisitionné, je me plains de cette mise en scène et du résultat concret auquel nous arrivons", a ajouté le député. "La deuxième plainte concerne les comptes de campagne présidentielle qui s'avèrent être un véritable traquenard."

"Est-ce encore l'État de droit ?", a interrogé le chef de file des Insoumis. Et d'ajouter : "Je suis président d'un groupe d'opposition. Sept heures de perquisition chez mon chef de cabinet. Vous avez tous mes rendez-vous depuis deux ans. Vous avez aspiré tous les fichiers du mouvement LFI. Et tous ceux du parti de gauche. Sans que nous ayons signé un seul procès-verbal."

"Ce n'est plus de la justice ! Ce n'est plus de la police !"."Collègues, êtes-vous devenus déraisonnables ? Voyez-vous ce que ça veut dire ? Vous sentez-vous solidaires de procédés pareils ? Vous en êtes à hurler maintenant ? Mais vous ne vous rendez plus compte ! Ce n'est plus de la justice ! Ce n'est plus de la police !", a-t-il encore proclamé, sous les applaudissements nourris des députés de son groupe, ou encore de ceux du Rassemblement national. 

Philippe défend "l'indépendance de la justice". Prenant la parole, le Premier ministre Édouard Philippe a lui défendu "l'indépendance de la justice (…) qui fait qu'il n'y a aucune instruction individuelle donnée au procureur, qui fait que les décisions du procureur, en l'occurrence celle-ci, a été soumise au contrôle d'un juge de la liberté et de la détention, qui est un magistrat du siège qui est parfaitement indépendant." 

S'il a dit "pouvoir comprendre" "l'émotion et la colère" de Jean-Luc Mélenchon, Édouard Philippe a souligné que le député des Bouches-du-Rhône n'était "pas le premier" à être confronté à une telle procédure.

Jean-Luc Mélenchon, plusieurs de ses proches ainsi que les sièges de la France insoumise et du Parti de gauche ont fait l'objet mardi de perquisitions, dans le cadre d'enquêtes ouvertes par le parquet sur de présumés emplois fictifs au Parlement européen et sur ses comptes de campagne pendant la présidentielle. Dans un communiqué, le groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR, communistes) a jugé cette opération visant des "organisations politiques et des parlementaires (…) déplacée et démesurée", soulignant que les responsables de la France insoumise et du Parti de gauche ont "fait état de leur disponibilité pour répondre aux convocations et questions de la justice" et "qu'aucun juge n'a été nommé".