Emmanuel Macron répond aux questions de France 2. 1:20
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avec AFP , modifié à
Pénurie de carburant, guerre en Ukraine, menace nucléaire... Le président Emmanuel Macron s'est exprimé mercredi soir sur France 2 pour une heure d'interview. Il a répondu aux questions de Caroline Roux, alors que les blocages dans les raffineries pénalisent les Français au quotidien, et que le conflit ukrainien se poursuit.

Le président Emmanuel Macron était l'invité de France 2 ce mercredi soir pour inaugurer l'émission L'Événement, à partir de 20h20. Le chef de l'État a répondu aux questions de Caroline Roux, alors que les blocages dans les raffineries pénalisent les Français au quotidien. Pénurie de carburant, guerre en Ukraine, menace nucléaire... La prise de parole du locataire de l'Élysée était attendue, au lendemain de l'annonce par la Première ministre Élisabeth Borne du lancement de la procédure de réquisition dans les raffineries.

Poutine doit revenir autour de la table des négociations

D'abord sur le conflit ukrainien, Emmanuel Macron estime que le président russe Vladimir Poutine doit "revenir autour de la table" des discussions. "Aujourd'hui, d'abord, Vladimir Poutine doit cesser cette guerre, respecter l'intégrité territoriale de l'Ukraine et revenir autour de la table des discussions", a affirmé le président sur France 2, assurant ne pas vouloir d'une "guerre mondiale".

Il a reproché à son homologue d'avoir fait le "choix" d'"installer" l'Europe "dans la guerre" avec ses frappes de missiles des derniers jours et la mobilisation pour renforcer son armée.

Le président a également évoqué la situation du président biélorusse Alexandre Loukachenko dans ce conflit. Ce dernier aura des "problèmes" s'il s'engage plus encore dans la guerre en Ukraine, prévient son homologue français. "Si le président Loukachenko décide de s'engager encore davantage dans cette guerre, il le fera contre l'avis d'une bonne partie de son peuple et il le fera en prenant une responsabilité qui ne sera pas, je pense, sans lui poser des problèmes", a-t-il déclaré.

La France va livrer des systèmes de défense anti-aérienne à l'Ukraine

La France va livrer des systèmes de défense anti-aérienne à l'Ukraine, a annoncé Emmanuel Macron. "On va livrer des radars, des systèmes et des missiles (anti-aériens, NDLR) pour protéger (les Ukrainiens) des attaques, en particulier pour les protéger des attaques de drones", a-t-il dit.

Le président français a également répété que la France envisageait de livrer des canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine. "On en a livré 18" depuis le début de la guerre, "on est en train de travailler à la livraison de six canons additionnels avec le Danemark", a-t-il déclaré, expliquant que ces six Caesar étaient initialement destinés à l'armée danoise. "On est en train d'essayer de les livrer tout de suite aux Ukrainiens", a-t-il dit.

"Éviter toute escalade dans le conflit"

Interrogé par la journaliste Caroline Roux, dont il inaugure la nouvelle émission politique "L'Événement", Emmanuel Macron a estimé qu'il fallait "éviter toute escalade du conflit", pour qu'il ne s'étende pas à un pays voisin de l'Ukraine et pour empêcher le recours par Moscou à des armes chimiques ou nucléaires.

Mais le chef de l'État, qui a promis de "dire la vérité" aux Français sur les implications du conflit, a préféré botter en touche sur la menace nucléaire agitée par le maître du Kremlin, rappelant seulement que la France était également un pays "doté" de la bombe atomique et croyait en la "dissuasion". "Moins on en parle", plus elle est crédible, a-t-il glissé en substance.

Avec cette heure d'interview à un moment de grande écoute, en grande partie consacrée au conflit qui bouleverse le monde, le président de la République se prête à un exercice inédit : une fois n'est pas coutume, les sujets internationaux, souvent relégués en fin d'émission, ont donc cette fois eu la vedette.

Les enjeux sont d'autant plus lourds que la guerre entre dans une nouvelle phase, avec des frappes russes massives depuis lundi sur le territoire ukrainien et des menaces directes du Kremlin sur les Européens qui soutiennent Kiev. Le chef de l'État devait aussi expliquer comment contenir la hausse des prix de l'énergie qui se sont envolés dans le sillage du conflit, alors que l'Union européenne planche sur plusieurs options avant le sommet des 20 et 21 octobre.

Carburants : retour à la normale dans le courant de la semaine prochaine

Faisant un détour par la politique intérieure, le chef de l'État a prévu un retour à la normale "dans le courant" de la semaine prochaine sur le front des carburants, alors que les Français sont confrontés à des difficultés croissantes d'approvisionnement en raison des grèves dans les raffineries. Le président a de nouveau appelé "à la responsabilité" la direction de TotalEnergies et la CGT, en souhaitant que le syndicat "permette au pays de fonctionner".

Emmanuel Macron a insisté sur le fait que c'était "au dialogue social" entre directions et syndicats de résoudre les différends. "Le dialogue social doit vivre", selon lui. "Mais je le dis très clairement : si le dialogue social n'aboutit pas dans les prochaines heures, nous réquisitionnerons", a-t-il averti.

"Trop facile" de "toujours renvoyer la balle au gouvernement"

Le gouvernement a lancé mercredi une première réquisition de quatre salariés grévistes chez Esso-ExxonMobil pour débloquer des stocks de carburants et ravitailler les stations-services franciliennes à sec. Mais Philippe Martinez, le leader de la CGT, a dénoncé une "décision scandaleuse" et annoncé le dépôt d'un référé jeudi, pour s'y opposer.

Emmanuel Macron a rappelé que cette crise n'avait "rien à voir avec la guerre" en Ukraine, mais à des conflits sociaux "dans deux entreprises, Exxon et Total, qui ont fait des profits importants parce que le contexte est bon pour ces entreprises, qui ont beaucoup distribué à leurs actionnaires et qui ont des négociations sociales en cours", a-t-il expliqué. "Je pense qu'il y a des secteurs et certains acteurs qui considèrent qu'on peut aller 'dans le dur' tout de suite, pour parler familièrement", a-t-il regretté. En estimant aussi qu'il était "trop facile" de "toujours renvoyer la balle" vers le gouvernement.

Iran : "Nous nous tenons aux côtés des manifestants"

Le chef de l'État a aussi été interrogé sur l'Iran, alors que le pays connait de multiples manifestations depuis la mort de Mahsa Amini, une jeune femme qui a été détenue trois jours par la police des mœurs. La France se tient "aux côtés" des manifestants iraniens, a déclaré mercredi le président français Emmanuel Macron.

Interrogé lors d'une émission sur la chaîne France 2, il a dit son "admiration" pour les "femmes" et les "jeunes" qui manifestent. Il a estimé que ces manifestants portaient "l'universalisme de nos valeurs". "Nous nous tenons aux côtés de celles et ceux qui se battent pour ces valeurs", a insisté le chef de l'Etat français.

Le président doit revenir dans deux semaines sur le même plateau de télévision, le 26 octobre, pour un second volet de l'émission consacré cette fois aux enjeux de politique nationale. Sa dernière interview télévisée, déjà placée sous le signe des risques de pénurie et de la "sobriété" énergétique, remonte au 14 juillet.