Gravenchon raffinerie 2:50
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Guillaume Dominguez (envoyé spécial en Normandie), édité par Gauthier Delomez avec AFP , modifié à
Le ministère de la Transition énergétique a annoncé mercredi que quatre salariés d'ExxonMobil avaient été réquisitionnés pour permettre le fonctionnement du dépôt normand de carburants de Port-Jérôme, à Notre-Dame-de-Gravenchon. Deux pour mercredi et deux pour jeudi matin, précise le ministère.

Quatre salariés d'ExxonMobil ont été réquisitionnés pour permettre le fonctionnement du dépôt normand de carburants de Port-Jérôme à Notre-Dame-de-Gravenchon, deux pour mercredi soir et deux pour jeudi matin, a annoncé le ministère de la Transition énergétique. "L'arrêté préfectoral a été signé par le préfet de la région Normandie" et "envoyé au directeur du site d'ExxonMobil de Port-Jérôme qui les a notifiés", a précisé le ministère, conformément à l'annonce de la Première ministre Élisabeth Borne la veille.

Ces réquisitions concernent quatre personnels indispensables au fonctionnement de ce dépôt. Deux d'entre eux ont déjà reçu l'ordre de reprendre le travail mercredi soir, les deux autres devront prendre le relai jeudi matin.

Le carburant devrait quitter le dépôt dès cette nuit

Le carburant devrait donc pouvoir quitter le dépôt de Port-Jérôme dès la nuit de mercredi à jeudi, selon Christophe Aubert, délégué syndical CGT du groupe Exxon Mobil. Le salarié "est dans l'obligation d'effectuer des opérations de mouvements d'hydrocarbures. Il y aura un déplacement vers Gennevilliers et l'ouverture du dépôt libre à Esso", explique-t-il au micro de l'envoyé spécial d'Europe 1 sur place.

Immédiatement après l'annonce, la CGT a affirmé qu'un recours allait être déposé jeudi matin pour demander la levée de cette injonction.

Un coup au moral des grévistes

L'annonce de la réquisition a mis un coup au moral des troupes, rassemblées sur le piquet de grève. Gildas, jeune salarié de 25 ans, estime que ces réquisitions retirent aux grévistes leur seul moyen de pression. "On va être obligé de rouvrir les expéditions soit par bateau, soit par camion, et de remplir à nouveau les stations. Le moyen de pression qu'on a de faire grève est inutile maintenant", se désole-t-il auprès d'Europe 1.

"C'est vachement contraignant pour nous", ajoute le gréviste, "parce que le mouvement se casse d'une certaine façon, même si on a toujours la volonté d'être gréviste. On a de la rancune, on va être obligé de refaire notre boulot à 100%."

"C'est absolument scandaleux", réagit Martinez

En fin d'après-midi, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez est arrivé sur le site de Port-Jérôme, après un voyage en Israël et en Palestine. Il s'est entretenu avec les représentants syndicaux de la raffinerie, et a réagi aux quatre réquisitions. "C'est absolument scandaleux", a-t-il tonné d'entrée. "Premièrement, Monsieur Sarkozy avait fait la même chose en 2010 et le gouvernement avait été condamné par l'Organisation internationale du travail", a-t-il rappelé, précisant que dans cette condamnation, "la France remettait en cause le droit de grève."

"Demain (jeudi), nous irons en référé pour soutenir tous les salariés qui sont réquisitionnés sur la base du droit international", a confirmé le leader de la CGT.

Les réquisitions ne s'arrêteront pas là. Selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, les grévistes du dépôt TotalEnergies de Flandres près de Dunkerque seront les prochains concernés. La CGT des Bouches-du-Rhône a elle lancé un avertissement : si un salarié est réquisitionné sur un site pétrolier, elle appellera à la mobilisation générale.