Élisabeth Borne 3:11
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Romain Rouillard avec AFP , modifié à
La Première ministre Élisabeth Borne s'est pliée au traditionnel discours de politique générale à l'Assemblée nationale. Une prise de parole au cours de laquelle elle a dressé les grandes lignes du quinquennat, dans un hémicycle dissipé. EDF, retraites, écologie... Voici tout ce qu'il faut en retenir.

La Première ministre Élisabeth Borne a prononcé son discours de politique générale à l'Assemblée nationale. Un passage quasi-obligé pour chaque chef d'un nouveau gouvernement. En préambule, Élisabeth Borne s'est adressé aux oppositions, les appelant à "bâtir ensemble" des "compromis".

Les principales informations :

  • La Première ministre souhaite "renationaliser à 100% EDF"
  • "Nous devrons progressivement travailler un peu plus longtemps", a-t-elle déclaré, en référence au projet présidentiel de repousser à 65 ans l'âge de départ à la retraite
  • Élisabeth Borne a également annoncé vouloir une "réforme de l'allocation adulte handicapé" 
  • La cheffe du gouvernement a appelé les oppositions à "bâtir" des "compromis", souhaitant une majorité "texte par texte"
  • Aucune hausse d'impôt n'est prévue par l'exécutif

Une renationalisation totale d'EDF à venir 

Parmi les annonces fortes de la Première ministre, celle de renationaliser à 100% EDF a retenu l'attention. "Je vous confirme l'intention de l'État de détenir 100% du capital d'EDF", a-t-elle indiqué. Une annonce qui lui a valu de nombreux applaudissements. "Cette évolution permettra à EDF de renforcer sa capacité à mener dans les meilleurs délais des projets ambitieux et indispensables pour notre avenir énergétique", a-t-elle déclaré.

L'État détient aujourd'hui près de 84% de l'électricien, 1% étant détenu par les salariés et 15% par des actionnaires institutionnels et individuels. Le groupe, déjà fortement endetté, est confronté à de lourdes charges financières et doit faire face à la volonté du gouvernement de lancer un nouveau programme de réacteurs nucléaires.

"La transition énergétique passe par le nucléaire", a martelé Élisabeth Borne, reprenant la position adoptée dès cet hiver par le président Emmanuel Macron. L'effet de cette annonce sur les marchés financiers ne s'est pas fait attendre. L'action d'EDF a pris instantanément 5,56%.

Pas de hausse d'impôts 

La Première ministre l'assure : il n'y aura pas de hausse d'impôts en France pour financer le projet présidentiel. Les entreprises pourraient même voir leurs impôts de production baisser. La Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un de ces impôts de production, sera bien supprimée "dès la loi de finances 2023", a annoncé Élisabeth Borne.

"Le plein emploi est à notre portée" 

Sur la question du chômage, la Première ministre a affirmé que le "plein emploi est à notre portée", disant avoir "la conviction profonde" que la France "peut sortir du cercle vicieux du chômage de masse".

"Lors du précédent quinquennat, nous avons déjà parcouru la moitié du chemin vers le plein emploi", a-t-elle souligné. À 7,3%, le taux de chômage est "le plus bas depuis 15 ans", conséquence selon elle des réformes de l'apprentissage, de l'assurance chômage, de l'investissement dans la formation des demandeurs d'emploi et du plan "un jeune, une solution". Elle est également revenue sur la réforme du RSA, annoncée par Emmanuel Macron pendant la campagne électorale.

"Verser une allocation ne suffit pas. Ce que nous voulons, c'est que chacun s'en sorte et retrouve sa dignité grâce au travail", a-t-elle affirmé, sans mentionner explicitement les 15 à 20 heures d'activité ou d'accompagnement mentionnées par le président en échange de l'allocation.

Déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé

Élisabeth Borne a dit vouloir déconjugaliser l'AAH, l'allocation adulte handicapé, en modifiant son mode de calcul. Autrement dit, l'allocation perçue par une femme handicapée ne dépendrait plus des revenus de son mari, comme c'est le cas aujourd'hui. Emmanuel Macron avait promis en avril de "bouger" sur l'individualisation de cette allocation. Toutefois, son gouvernement et sa majorité avaient rejeté cette proposition plusieurs fois l'an dernier, au grand dam des associations.

200 nouvelles brigades de gendarmerie, 15.000 places de prison supplémentaires

Élisabeth Borne s'en est pris à ceux qui "attaquent nos policiers et gendarmes". Elle en a profité pour annoncer une "loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur. Par ailleurs, 200 nouvelles brigades de gendarmerie et 11 nouvelles unités de force mobile pourraient être créées au cours du quinquennat. Concernant l'armée, elle a indiqué qu'une nouvelle loi de programmation militaire était en préparation. 

Par ailleurs, 15.000 places de prison supplémentaires devraient voir le jour. Elle a également évoqué le recrutement de 8.500 magistrats et personnels judiciaires. 

Extension du pass culture et aide aux familles monoparentales

La Première ministre a promis une revalorisation à venir du salaire des enseignants. Concernant les collégiens, elle souhaite rendre accessible le pass culture dès la 6e. Ce dispositif permet actuellement aux 15-18 ans de disposer d'un budget pour acheter des produits culturels. Pour l'école primaire, elle a réaffirmé la volonté présidentielle de mettre en place "30 minutes de sport par jour".

Élisabeth Borne a aussi annoncé la création de 200.000 places d'accueil supplémentaires pour répondre au besoin actuel de solutions de garde des jeunes enfants. Ces solutions seront "proches des domiciles" et "accessibles financièrement". La Première ministre a par ailleurs déclaré que le gouvernement accorderait "une aide aux familles monoparentales pour la garde des enfants jusqu'à 12 ans".

En janvier, le président Emmanuel Macron avait déjà estimé qu'il fallait concevoir un "nouveau système" d'accueil des jeunes enfants, "plus clair".

"Une vaste concertation en vue d'une loi d'orientation énergie-climat" 

Élisabeth Borne n'a pas manqué d'évoquer la question environnementale et a promis des "réponses radicales à l'urgence climatique", que ce soit "dans notre manière de produire, de nous loger, de nous déplacer, de consommer". "Dès le mois de septembre, nous lancerons une vaste concertation en vue d'une loi d'orientation énergie-climat", a-t-elle ajouté en promettant de définir "filière par filière, territoire par territoire" des "objectifs de réduction d'émissions, des étapes et des moyens appropriés", avec les élus locaux qui "bien souvent, dans leurs territoires, ont montré le chemin", a-t-elle insisté.

Elle a ajouté que chaque ministre aurait une "feuille de route climat et biodiversité" et qu'elle-même chapeauterait la planification écologique.

La France sera la "première grande nation écologique à sortir des énergies fossiles" afin de garantir sa "souveraineté énergétique" face à des pays producteurs d'hydrocarbures comme la Russie, a-t-elle assuré. Pour réduire la dépendance vis-à-vis du gaz russe, même si la France est moins exposée en la matière que d'autres pays européens, les "consommations inutiles" vont être réduites, notamment dans le domaine du chauffage pour lequel le dispositif MaPrimeRenov sera étendu à 700.000 logements par an.

"Nous devrons progressivement travailler un peu plus longtemps" 

Sur la question sensible de l'âge légal de départ à la retraite, qu'Emmanuel Macron souhaite repousser à 65 ans, elle a estimé nécessaire de devoir "travailler progressivement un peu plus longtemps". "Notre pays a besoin d'une réforme de son système de retraite", réforme qui "ne sera pas uniforme", qui "devra prendre en compte les carrières longues et la pénibilité" et "veiller au maintien dans l'emploi des seniors", a ajouté la Première ministre.

Elle a également précisé que cette réforme serait menée "dans la concertation avec les partenaires sociaux, en associant les parlementaires le plus en amont possible".