Emmanuel Macron justifie l'hommage au maréchal Pétain, "un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale"

Emmanuel Macron 1280 FRANCOIS NASCIMBENI / AFP
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Europe1.fr avec Jean-Rémi Baudot , modifié à
Emmanuel Macron a jugé "légitime" mercredi de rendre hommage au maréchal Pétain, samedi aux Invalides.

Le périple d'Emmanuel Macron sur les traces de la Grande Guerre a été perturbé mercredi par une nouvelle controverse autour du chef de l'Etat sur l'opportunité de rendre hommage à Pétain à l'occasion du centenaire de la fin de la Première mondiale. A l'issue d'un Conseil des ministres délocalisé à la Préfecture des Ardennes, Emmanuel Macron a justifié cet hommage qui sera rendu aux maréchaux de la Première Guerre mondiale, parmi lesquels Philippe Pétain, samedi aux Invalides, à Paris.

Emmanuel Macron justifie un hommage au "grand soldat" Pétain :

"La victoire d'une armée et de ses maréchaux". "Nous sommes en train de fêter le centenaire de la victoire et de la paix. La victoire d'une nation combattante. C'est pour ça que j'ai voulu que les Poilus et ceux de 14 rentrent au Panthéon. C'est aussi la victoire d'une armée française et de ses maréchaux. Il est donc normal de les célébrer et de permettre à l'armée française de le faire", a d'abord expliqué le chef de l'Etat devant les journalistes, au quatrième jour de son périple de commémoration du centenaire de l'Armistice de 14-18.

De la victoire aux "choix funestes". "Je ne fais aucun raccourci, mais je n'occulte aucune page de l'Histoire. Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat", a poursuivi Emmanuel Macron, qui ne se rendra pas lui-même sur place samedi. Il sera représenté  par son chef d'état-major particulier. Anticipant les critiques, le président a par ailleurs évoqué les deux vies de celui qui fut d'abord le héros d'une nation, puis le chef du gouvernement collaborationniste de Vichy entre 1940 et 1944.

Entendu sur europe1 :
On peut avoir été un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale, et avoir conduit à des choix funestes pendant la Deuxième

"C'est une réalité de notre pays. C'est aussi ce qui fait que la vie politique, comme l'humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu'on voudrait croire. On peut avoir été un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale, et avoir conduit à des choix funestes pendant la Deuxième", a soutenu Emmanuel Macron.

"Nous lui devons la victoire". Emmanuel Macron assume. "J'ai toujours regardé l'histoire de notre pays en face", a-t-il lancé. "Je me suis toujours opposé au défaitisme français ou à la complaisance envers toute idéologie. Mais je reconnais la part que nos maréchaux et notre armée ont joué. Nous lui devons la victoire", "la victoire d'une nation combattante."

De nombreuses critiques. Les propos d'Emmanuel Macron ont suscité de nombreuses critiques, notamment de la part du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) qui s'est dit "choqué". "La seule chose que nous retiendrons de Pétain, c'est qu'il a été, au nom du Peuple français, frappé d'indignité nationale lors de son procès en juillet 1945", a déclaré son président, Francis Kalifat, cité dans un communiqué. Plusieurs élus, surtout à gauche, ont également protesté. "Le maréchal #Joffre est le vainqueur militaire de la guerre de 14-18. #Pétain est un traître et un antisémite. Ses crimes et sa trahison sont imprescriptibles. Macron, cette fois-ci, c'est trop ! L'Histoire de France n'est pas votre jouet", a tweeté le chef de file de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon. L'ex-candidat PS à la présidentielle Benoît Hamon, fondateur du mouvement Générations, a estimé que "rien ne justifie une telle honte".

De son côté, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a dénoncé une "mauvaise polémique", jugeant "légitime" de rendre hommage au maréchal Pétain samedi aux Invalides. "Je ne rentrerai pas dans cette mauvaise polémique", a déclaré Benjamin Griveaux, appelant à ne pas faire de "raccourcis douteux" avant de citer une phrase du Général de Gaulle en 1966 sur Pétain selon lequel "sa gloire à Verdun ne saurait être contestée ni méconnue par la Patrie".