Emmanuel Macron en visite surprise au Sommet de l'élevage en Auvergne

Emmanuel Macron s'est rendu vendredi matin au Sommet de l'élevage, en Auvergne.
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avec AfP
Le président s'est rendu ce vendredi matin en Auvergne pour discuter avec les éleveurs bovins, en grande difficulté. 

La visite n'était pas prévue à l'agenda du président. Emmanuel Macron s'est rendu, vendredi matin, au Sommet de l'élevage, en Auvergne. La visite a été organisée en secret, en marge de son déplacement pour la célébration des 100 ans du quotidien régional La Montagne, prévue ce vendredi soir à Clermont-Ferrand, à 10 km du Sommet. Le président est arrivé peu avant 9 heures au concours inter-régional Salers, où sont présentés les meilleurs spécimens de ces vaches à la robe rouge et aux cornes en forme de lyre, peuplant une grande partie des montagnes d'Auvergne. 

Le président a tenté de répondre aux doléances de toute une filière, très remontée sur deux sujets : le Ceta (L'accord économique et commercial global entre l'Union européenne et le Canada) et la sécheresse. Mais le dialogue ne fut pas toujours facile. "On est mal M. le président, on a l'impression d'empoisonner les gens", a ainsi crié un éleveur, rapporte ainsi notre journaliste sur place. 

Construction de nouveaux abattoirs 

Emmanuel Macron a proposé aux éleveurs que l'État finance la construction d'abattoirs pour échapper à l'emprise du groupe dominant dans le secteur de la viande, accusé de maintenir des prix trop bas. "Il n'y a pas de fatalité", a assuré le président. Alors que deux députés La République en Marche, Roland Lescure et Jean-Baptiste Moreau, ont été pris à partie et expulsés du Sommet jeudi par des éleveurs dans une ambiance tendue, le président était accompagné du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume pour visiter cette exposition rassemblant quelque 2.000 animaux d'élevage et des milliers d'éleveurs. 

Après avoir brièvement rencontré à huis clos les principaux responsables de la filière bovine, il a parcouru les allées en parlant aux exposants et au public. Interpellé sur le Ceta, l'accord de libre-échange UE-Canada rendu responsable par le syndicat majoritaire FNSEA d'une grande partie des difficultés de la profession, le président a renvoyé la balle dans le camp français. "Les difficultés qu'on a aujourd'hui n'ont rien à voir avec le Ceta !" a-t-il dit. "Notre problème aujourd'hui est que nous ne savons pas valoriser correctement ce qu'on produit." "On va devoir investir pour aider la filière, mais il faut que les producteurs s'organisent pour ne plus dépendre des gros acheteurs", a-t-il lancé en fustigeant la baisse du prix des broutards (veaux) "de 15 à 20% en juillet". 

"Il faut qu'on arrête avec ce système" d'un seul acteur dominant

"C'est à nous de nous réorganiser, d'investir (…), il n'y a pas de fatalité", a martelé le président, qui souhaite "qu'on arrête" le système français tournant autour d'un seul acteur dominant dans le monde de la viande, le groupe Bigard, qui fait la pluie et le beau temps sur les prix dans la plus parfaite opacité. "Il y a un acteur qui vous achète la viande au prix le plus bas possible pour faire sa rentabilité, il faut qu'on arrête avec ce système", a-t-il dit.

Vendredi soir, le chef de l'État doit poursuivre son séjour auvergnat en se rendant au Polydome de Clermont-Ferrand, pour les 100 ans du journal régional La Montagne. Après une allocution vers 18 heures, il se prêtera à une séance de questions-réponses avec des salariés du groupe de presse et des chefs d'entreprise de la région.