Renaud Muselier 2:27
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Mathilde Durand
Renaud Muselier, président LR de la Région Sud et président de Régions de France, plaide sur Europe 1 pour un déconfinement régionalisé, mais aussi pour plus de décentralisation. "Laissez nous respirer !", demande-t-il au gouvernement. 
INTERVIEW

Le 11 mai devrait marquer le début du déconfinement progressif en France. Mais les modalités restent encore floues pour éviter une seconde vague de coronavirus. Mercredi, en déplacement en Bretagne, le président de la République Emmanuel Macron a évoqué la possibilité d’une fin de confinement différenciée selon les Régions. Un avis partagé par Renaud Muselier, ​président LR de la Région Sud (Provence-Alpes-Côte d'Azur) et président de Régions de France, invité d'Europe 1. Ce dernier souhaite "une doctrine" nationale mais "une capacité d'action au niveau local".

Des compétences propres

"A partir du moment où on a une méthode, un calendrier et une méthodologie par rapport à telle ou telle activité, on le fait et on l’applique région par région", revendique-t-il. La France compte 18 régions, dont 13 métropolitaines et 5 territoires ultra-marins. Autant de situations différentes qui ne peuvent, selon Renaud Muselier, suivre une même norme de déconfinement. "Le Grand Est ne peut pas être déconfiné de la même manière que la Bretagne".

Il met en avant les compétences propres de la Région dans la gestion des territoires, comme pour la réouverture des lycées notamment. "On a des situations très différentes. Les lycées professionnels, dans des zones difficiles…", constate-t-il. "A partir du moment où on rouvre, laissez nous travailler avec les recteurs pour mettre en place les dispositifs. Lycées par lycées déjà ce n’est pas la même chose : vous avez deux ou trois bâtiments ? Un ou deux préaux ? Chacun a sa propre structure, nous connaissons ça de près."

"Oui à la méthodologie, mais laissez nous respirer avec une décentralisation effective avec les préfets de région et de département", résume Renaud Muselier, qui doit s'entretenir avec le Premier ministre Edouard Philippe ce jeudi.

Restrictions des déplacements et tourisme

Les restrictions sur les déplacements entre les Régions sont également à l'étude. A l'approche des vacances d'été, certains riverains, du Sud de la France notamment, craignent un afflux massif sur les plages, dans les campagnes, de personnes venues d'autres territoires et potentiellement infectées. 

"Le déconfinement va se passer dans un premier temps autour de chez soi, de son immeuble, de sa rue, puis dans sa ville, son département, sa région", imagine Renaud Muselier, tout en reconnaissant la problématique des déplacements. "C'est la difficile équation entre le brassage de population et le retour de la vie normale, avec un calendrier à fixer."

Il reconnaît un grand débat à venir autour de l'interdiction de déplacement d'une région à l'autre. "Une logique de développement touristique dans le courant de l’été va s’opposer avec le besoin de l’habitant", explique Renaud Muselier, en évoquant la situation de sa région (Paca), peu touchée par le coronavirus mais très dépendante du tourisme. "En même temps la totalité des Alpes-Maritime a une culture pro-tourisme très forte, il n’y a pas de reprise économique s’il n’y a pas de tourisme."

"Il faut bien revenir sur la distanciation, les gestes barrière et les masques. La réponse passe aussi par la technique et la responsabilité individuelle", assure Renaud Muselier qui plaide pour un fonctionnement nouveau des collectivités territoriales "décentralisé et hyper-actif". "Je suis dans une démarche positive", conclut-il. "Il y a beaucoup de problèmes devant nous, mais une capacité de les traiter."