Débat du PS : Emmanuel Maurel tire son épingle du jeu

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L'eurodéputé Emmanuel Maurel s'est démarqué lors du débat opposant les candidats à la tête du PS, mercredi soir. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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L'eurodéputé était peut-être le moins connu des quatre candidats à la tête du PS invités à débattre mercredi soir sur le plateau de LCI. Mais il a aussi été le plus cohérent et le plus à l'aise.

La théorie qui veut que, lors d'un débat télévisé, le "petit" candidat arrive toujours à faire une belle percée, s'est vérifiée une nouvelle fois mercredi soir. Des quatre socialistes candidats à la tête de leur parti mal en point invités sur le plateau de LCI pendant près de deux heures, c'est bien Emmanuel Maurel, eurodéputé et peu connu du grand public, qui a réussi à tirer son épingle du jeu. Lors d'une discussion quasiment sans temps mort, celui qui incarne la ligne la plus à gauche a réussi à créer un duel de tête avec Stéphane Le Foll. Mais, contrairement au député de la Sarthe, ancien ministre de 2012 à 2017, Maurel n'a pas eu à constamment se justifier sur le quinquennat Hollande. Entre les deux, les députés Olivier Faure et Luc Carvounas ont eu plus de mal à exister.

Orelsan, Térence, Mitterrand et Spider-Man. Emmanuel Maurel a imposé dès sa minute d'introduction la ligne du "socialisme décomplexé", qu'il s'est ensuite employé à tenir pendant 1h45 de débat. Seul candidat à mentionner les ouvriers en préambule, il a ensuite martelé les fondamentaux de son parti : une "opposition frontale" à Emmanuel Macron qui "n'a jamais été de gauche, sauf peut-être quand il était lycéen et faisait du théâtre" ; une volonté de parler à toute la gauche, y compris insoumise, puisque "je suis de gauche et rien de ce qui est de gauche ne m'est étranger" ; une obligation pour le PS de se positionner sur "le social". "Simple, basique", a-t-il résumé, citant le rappeur Orelsan après avoir invoqué, pêle-mêle, le poète latin Térence, François Mitterrand et Spider-Man.

Cohérence. Visiblement à l'aise dans l'art de la joute oratoire, toujours très calme et soigneux sur ses punchlines - "Quand on dit d'une chose que c'est un tabou de gauche, en réalité c'est que c'est un totem de droite" -, Emmanuel Maurel avait un énorme avantage sur ses trois adversaires : celui de ne pas avoir à se justifier sur le quinquennat de François Hollande. À l'époque, lui soutenait déjà les frondeurs socialistes qui souhaitaient un virage à gauche, s'opposait déjà à la loi El Khomri. Il était donc aisé pour lui de réclamer des abrogations à tour de bras ou des inflexions de la politique européenne. "Si les militants socialistes me choisissent, ce sera un signal envoyé aux Français qu'on a déçus", a-t-il conclu.

 

Décontraction bougonne. Face à lui, Emmanuel Maurel a trouvé un Stéphane Le Foll tout aussi à l'aise dans l'exercice. La prestation de l'ancien porte-parole du gouvernement aura comblé les nostalgiques de ses résumés de conseil des ministres : un ciel de décontraction bougonne traversé çà et là par des éclairs d'indignation et quelques recadrages fermes. L'ex-ministre de l'Agriculture est même allé jusqu'à recentrer les débats alors que les trois journalistes chargés de l'animer s'inquiétaient du manque de temps. 

Expérience. Tout au long des discussions, Stéphane Le Foll s'est attaché à trouver une position moins radicale que celle d'Emmanuel Maurel, préférant ainsi "des débats clairs" et non "fracassants" avec les partenaires européens, choisissant "et la croissance, et l'écologie" ou défendant la loi El Khomri pour ses dispositions sur le compte pénibilité. Invoquant François Mitterrand et Michel Rocard, le député de la Sarthe a fait valoir son expérience pour être "une voix qui porte dans les débats publics et politiques". Mais il n'a pu échapper aux questions sur sa loyauté sans faille à François Hollande, et passé ainsi beaucoup de temps à se justifier sans toujours se prononcer clairement sur ses intentions, comme par exemple sur le fait de participer ou non à une manifestation contre la réforme de la SNCF.

Outsider offensif. Ce duel Maurel-Le Foll n'a laissé que peu de place à Luc Carvounas et Olivier Faure. Le premier a néanmoins saisi l'opportunité offerte par son costume d'outsider pour se montrer souvent offensif, fustigeant ainsi les "synthèses molles" de certains de ses adversaires et prônant une gauche "arc-en-ciel" pour remporter des victoires électorales. Le député du Val-de-Marne a également réussi à mentionner son expérience d'élu local (il a été conseiller général et maire d'Alfortville) sur la quasi-totalité des sujets abordés mais a dû justifier des grands écarts impressionnants, comme par exemple sur la loi El Khomri, qu'il avait soutenue.

La position médiane. D'abord très mal à l'aise face à la caméra, Olivier Faure a, lui, pris de l'assurance au fur et à mesure sans se départir d'une élocution un peu fébrile pour défendre une position médiane. "Nous devons changer en ayant notre manière de nous opposer, en proposant", a-t-il expliqué en préambule, avant de justifier ses actions sous le quinquennat Hollande. Estimant avoir été "loyal" tout en ayant "été aussi celui qui a donné l'alerte, comme sur la déchéance de nationalité", le député de Seine-et-Marne a prôné tout du long le "rassemblement". Tout en se montrant très clair sur certains sujets, notamment la laïcité et la fiscalité.