Ce qu'il faut retenir du débat entre les quatre candidats à la tête du PS

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Stéphane Le Foll, Emmanuel Maurel, Olivier Faure et Luc Carvounas étaient mercredi sur le plateau de LCI pour débattre en vue du congrès PS. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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M.B. , modifié à
Stéphane Le Foll, Luc Carvounas, Emmanuel Maurel et Olivier Faure, tous candidats pour prendre la tête du PS, ont débattu mercredi soir sur leur vision du parti, des questions de politique intérieure et sur l'Union européenne.

Comme un air de campagne présidentielle. Électeurs et journalistes en manque de débat politique ont pu retrouver le doux parfum des soirées du printemps 2017 le temps de quelques heures, mercredi soir, en regardant LCI. Stéphane Le Foll, Luc Carvounas, Emmanuel Maurel et Olivier Faure, les quatre prétendants à la tête du PS, étaient rassemblés pour un débat en direct. Pendant près de deux heures, ils ont pu exposer leur vision de ce que doit être le positionnement politique du PS, se sont exprimés sur diverses questions de politique intérieure, avant de s'intéresser à l'immigration.

Le positionnement du PS

Invités à se présenter et donner leur motivation pour reprendre la barre à la tête du PS, les quatre candidats ont pu peu à peu esquisser ce que sera la position du parti par rapport aux autres forces politiques s'ils parvenaient à en prendre la tête. Tous se sont vigoureusement opposé à Emmanuel Macron, unanimement classé à droite. "Evidemment, [je souhaite] une opposition frontale", a martelé l'eurodéputé Emmanuel Maurel. Qui s'est imposé comme le plus à gauche de tous.

Luc Carvounas, député du Val-de-Marne, a lui aussi rappelé qu'il avait voté contre la confiance au gouvernement Edouard Philippe à l'été 2017. Et fustigé la "synthèse molle" de Stéphane Le Foll, député de la Sarthe, et Olivier Faure, élu de Seine-et-Marne. Tous deux s'étaient en effet abstenu lors de ce même vote de confiance.

Olivier Faure a justifié cette abstention en expliquant qu'il avait essayé de "rassembler". "Cette attitude qui consiste à dire non à tout... Les Français ont besoin de comprendre que nous ne sommes pas pavloviens, pas mécaniques", a-t-il expliqué.

Stéphane Le Foll, lui, a préféré parler d'opposition "résolue et intelligente" à Emmanuel Macron, tout en se démarquant de la "gauche radicale" incarnée par Jean-Luc Mélenchon.

L'inventaire du quinquennat Hollande

Pour ces quatre hommes qui ont fait partie de la majorité sous le quinquennat Hollande, la question de l'inventaire de ces années se posait forcément. Il a été plus simple pour Emmanuel Maurel que pour les autres d'y répondre. Celui-ci soutenait en effet les frondeurs à l'époque, une position cohérente avec celle qu'il incarne aujourd'hui. "Nous avons déçu", a-t-il souligné lors du débat. "En 2012, François Hollande a gagné parce qu'il avait suscité un espoir et nous avons déçu cet espoir."

Luc Carvounas, lui, a expliqué en avoir "marre" qu'on le "ramène à son compagnonnage" avec Manuel Valls, dont il a longtemps été très proche. Tout en appelant à faire un "inventaire" du quinquennat, il a précisé que "tout n'[était] pas à jeter, loin de là". 

L'argument principal d'Olivier Faure a été de faire valoir à la fois sa loyauté à la majorité et son rôle de "lanceur d'alerte" pendant le quinquennat Hollande. "Je n'ai pas à regretter. À chaque fois, j'ai essayé de trouver des solutions qui nous emmenaient vers le haut."

Quant à Stéphane Le Foll, l'un des derniers Hollandais, il a refusé de se laisser enfermer dans "la critique du passé" et préféré appuyer sur ses divergences avec les politiques gouvernementales actuelles.

Limitation de vitesse, Smic, économie et laïcité

Interrogés à la volée sur diverses questions de politique intérieure, les quatre candidats se sont exprimés sur beaucoup de sujets très différents. Ainsi, trois d'entre eux n'ont pas soutenu la décision du gouvernement de baisser la limitation de vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. Seul Emmanuel Maurel, une fois n'est pas coutume, s'est dit d'accord avec la mesure.

Tous ont appuyé sur la nécessité d'agir en faveur du pouvoir d'achat des plus modestes. "Le bon sens, c'est d'agir sur l'échelle des salaires", a martelé Emmanuel Maurel quand Luc Carvounas se prononçait sans hésitation pour une hausse du salaire minimum. "Il y a un président des riches, il faut un parti pour tous les autres", a expliqué Olivier Faure.

Sur l'abrogation des ordonnances de réforme du code du travail et de la loi El Khomri, en revanche, tous n'étaient -assez logiquement- pas d'accord. Olivier Faure s'est prononcé pour une abrogation des ordonnances seules, alors qu'Emmanuel Maurel a rappelé qu'il était pour supprimer les deux textes. De quoi faire bondir Stéphane Le Foll, qui avait défendu la loi El Khomri en tant que porte-parole du gouvernement Valls à l'époque. Le député de la Sarthe a notamment rappelé que le texte contenait aussi le compte pénibilité. Luc Carvounas, lui, a admis s'être "trompé" sur cette loi travail.

En revanche, le député du Val-de-Marne a gardé la même position sur la laïcité. Ce proche de Manuel Valls reste partisan d'une ligne "dure" sur le sujet quand d'autres, notamment Olivier Faure, ne jugent "pas nécessaire" de légiférer plus avant. "Toute la loi [de 1905], rien que la loi", a résumé le député de Seine-et-Marne.

Immigration

La dernière partie a été consacrée à l'Union européenne, étrangement devenu synonyme de "politique migratoire" puisque les quatre candidats ont été invités à s'exprimer sur les réfugiés. Olivier Faure, Emmanuel Maurel et Luc Carvounas ont fustigé de concert la "politique absurde" du gouvernement en la matière. "Je préfère cent fois ce qu'on faisait avant ce durcissement", a quant à lui souligné Stéphane Le Foll.