Contrôles au faciès : Macron veut généraliser les caméras-piétons "avant la fin du quinquennat"

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avec AFP , modifié à
Selon le chef de l'Etat, interrogé mardi à l'occasion de la Fête nationale, les caméras-piétons doivent permettre de "retracer la vérité des faits qui permettent de protéger, de rétablir (la) confiance" entre la police et la population. 

Emmanuel Macron a annoncé mardi la généralisation des caméras-piétons "avant la fin du quinquennat" pour les forces de l'ordre, afin notamment de lutter contre les contrôles au faciès. "Cela fait trop longtemps qu'on parle de cela", a commenté lors d'un entretien sur TF1 et France 2 le président de la République à propos des accusations de contrôles au faciès par les forces de l'ordre, estimant qu'ils pouvaient être une source de discrimination alimentant une "défiance démocratique". Selon le chef de l'Etat, les caméras-piétons doivent permettre de "retracer la vérité des faits qui permettent de protéger, de rétablir (la) confiance".

"On va généraliser avant la fin du quinquennat les caméras-piétons qui permettent sur ce sujet (les contrôles au faciès) comme sur celui des modes opératoires, de rétablir la confiance entre la population et la police", a déclaré Emmanuel Macron qui considère qu'il s'agit là d'un "élément essentiel" du "patriotisme républicain". Les caméras-piétons seront généralisées "dans chaque brigade qui intervient", a poursuivi le président de la République.

L'ex-ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner avait déjà promis lors de discussions mi-juin avec les organisations syndicales de la police, la généralisation des caméras-piétons et une montée en gamme de leur technologie, sans pour autant se fixer un objectif dans le temps.

Avec les récentes accusations de racisme dans la police, les critiques contre les "contrôles au faciès" ont trouvé un nouveau souffle. Dans un récent rapport sur la France, Human Rights Watch avait fait état de contrôles "sans fondement ciblant les minorités, y compris des enfants de seulement 10 ans".

Des discriminations "systémiques", selon Jacques Toubon

Le Défenseur des droits a, lui, relevé des discriminations "systémiques" en rappelant que la moitié des hommes perçus comme "arabes, maghrébins ou noirs" déclare avoir été au moins une fois contrôlé par la police, contre 20% pour le reste de la population. Dans une récente interview à l'AFP, Jacques Toubon avait estimé que la traçabilité des contrôles était nécessaire, et possible.

L'État a déjà été condamné en 2016 pour des contrôles d'identité "au faciès". La Cour de cassation avait estimé qu'un contrôle d'identité discriminatoire constituait une "faute lourde" qui engageait sa responsabilité. La plus haute juridiction avait également précisé la façon dont la discrimination doit être prouvée: la personne s'estimant victime d'un contrôle d'identité abusif doit apporter au juge des éléments qui laissent présumer l'existence d'une discrimination et c'est ensuite à l'administration de démontrer l'absence de discrimination ou de justifier la différence de traitement par des éléments objectifs.