Christiane Taubira, l'épine dans le pied de François Hollande

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Christiane Taubira et François Hollande, le 21 octobre dernier. © DOMINIQUE FAGET/AFP
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David Doukhan et T.M.
DIFFÉREND - Après ses prises de position répétées contre la déchéance de nationalité, Christiane Taubira est devenue le souci numéro un de François Hollande.

Elle est à la fois une icône et un cactus au sein du gouvernement. Que faire de Christiane Taubira, qui sera placée sur le banc de touche lors de la présentation devant le Parlement de la réforme constitutionnelle sur l'état d'urgence ? En exprimant son profond désaccord sur la déchéance de nationalité, la garde des Sceaux s'est attiré les foudres de François Hollande.

Colère froide de François Hollande. Le président de la République est furieux, même s'il ne le montre pas, car ce n'est pas son tempérament. Cette colère froide s’est installée le jour où Christiane Taubira a réitéré sa charge contre la déchéance de nationalité, alors qu’on croyait la polémique close. Ce jeudi 7 janvier, François Hollande la reçoit à l’Elysée à 16h30 pour un entretien prévu de longue date. Lors du tête-à-tête, pas un mot n'est échangé sur la déchéance. François Hollande comprend alors que la ministre va se concentrer sur la procédure pénale et se taire sur le reste. Mais trois heures plus tard, la ministre de la Justice "étrille" la déchéance à la télévision. Depuis, l'autorité du président de la République est en jeu.

Pointée du doigt par le gouvernement. Au sein du gouvernement, on ne trouve plus grand monde pour la défendre. Un ami du Premier ministre affirme : "si ça ne tenait qu’à Manuel (Valls), ça ferait bien longtemps qu’elle aurait dégagé". Un ministre explique : "On est une majorité à être d’accord avec elle mais elle nous affaiblit, et elle nous fatigue". Une autre ministre est plus virulente : "Taubira, c’est comme les enfants qui vous regardent dans les yeux et renversent leur tasse de chocolat".

Quel sort pour la ministre ? Mais la décision de conserver Christiane Taubira ou non revient à François Hollande et à lui seul. L’un de ses conseillers reconnaît : "Il n’a pas encore décidé quel sort il allait lui réserver". Pour l’instant, il préférerait la garder mais envisage tous les scénarios, y compris, donc, celui de s’en débarrasser. Selon un sondage Ifop pour iTélé, la majorité des Français (54%) estime que la garde des Sceaux peut rester au gouvernement. A l'opposé, 45% des personnes interrogées pensent qu'elle devrait le quitter. Pour trancher, François Hollande procédera comme il le fait toujours : il attendra le dernier moment.