Banlieues : "petits pas", "déconnecté"... l'opposition fustige les annonces de Macron

Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a présenté mardi des mesures pour les banlieues qui n'ont pas convaincu l'opposition. © LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
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avec AFP
Le discours d'Emmanuel Macron sur les banlieues prononcé mardi n'a pas convaincu la classe politique. Alors que la droite fustige le manque de mesures sécuritaires, la gauche dénonce l'abandon du plan Borloo.

Prompte à s'élever contre chacune des politiques gouvernementales, l'opposition n'a pas attendu longtemps avant de pourfendre le discours qu'Emmanuel Macron a tenu mardi sur les banlieues. Le président, qui s'est exprimé à l'Élysée devant une salle pleine d'habitants et d'acteurs de terrain de quartiers prioritaires, a détaillé toute une série de mesures pour redonner "émancipation" et "dignité" aux banlieues, tout en refusant de mettre en place un véritable "plan". Et ce, en dépit de ce que réclamait le rapport remis sur le sujet par l'ancien ministre Jean-Louis Borloo.

Des mesures largement insuffisantes pour nombre de personnalités politiques, qui n'ont cependant pas choisi le même angle d'attaque selon leur bord. Ainsi, la gauche s'est indignée d'un abandon pur et simple du plan Borloo, quand la droite a regretté le manque de mesures sécuritaires.

À droite, on voudrait "restaurer l'autorité de l'État"

Pour Laurence Sailliet, porte-parole des Républicains, Emmanuel Macron est ainsi "déconnecté" de la réalité, lui qui ne propose qu'un renforcement de la police de sécurité du quotidien alors que sévissent dans les banlieues des "hommes armés de kalachnikovs". "C'est de la politique spectacle clic clac Kodak", a abondé Laurent Wauquiez. Pour le président des Républicains, qui a fait part de ses critiques devant les députés LR mardi, le chef de l'État a avant tout cherché à faire une belle photo avec Jean-Louis Borloo, mais délaissé "les territoires oubliés de la République". "Avant de parler milliards, il y a à restaurer l'autorité de l'État" dans les banlieues, a de son côté souligné Christian Jacob, chef de file des députés LR.

Pour le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, les "mesurettes" d'Emmanuel Macron ne pourront pas traiter "les causes des problèmes : justice laxiste, nivellement par le bas à l'école, immigration incontrôlée". L'extrême droite s'est aussi émue d'une formule employée par le président de la République pour désigner Jean-Louis Borloo et lui-même. "Deux mâles blancs" qui font un plan banlieue, "ça ne marche plus", a-t-il déclaré. Ni une ni deux, Marine Le Pen a dénoncé sur Twitter un "argument racial digne des 'Indigènes de la République'". "C'est la consécration du communautarisme au sommet de l'État", a-t-elle déploré.

À gauche, on dénonce l'"enterrement" du rapport Borloo

À gauche, on ne s'inquiète pas tant des moyens sécuritaires déployés dans les quartiers ou du vocabulaire employé par le président que du manque d'annonces. L'Élysée a beau assumer avoir voulu donner une "vision" plus qu'un "catalogue de mesures", le résultat ne convainc pas. "Ce sont des petits pas", a regretté sur BFM TV Stéphane Gatignon, ancien maire écologiste démissionnaire de Sevran. "Je trouve qu'il n'y a pas grand-chose. J'attendais un discours très politique qui redonne confiance. On a un truc qui s'étiole un peu."

La France Insoumise est plus sévère encore. "Borloo a proposé un plan pour les banlieues mais Macron a décidé de laisser les banlieues en plan", a tweeté le député Alexis Corbière. Pour son collègue Eric Coquerel, le président a "enterré le rapport Borloo" de manière "humiliante pour celles et ceux qui ont travaillé dessus", ne conservant qu'une "série de mesures sans financement, ni investissement, ni nouveauté".

Le Parti socialiste partage ces critiques. "Macron vient de liquider le plan Borloo", s'est ému Luc Carvounas sur Twitter. "Les associations [sont] écartées et les élus locaux stigmatisés". Pour Stéphane Le Foll, c'est une "liquidation" des propositions de l'ancien ministre de la Ville.

Il n'y a finalement guère que le premier concerné qui s'est montré enthousiaste. Jean-Louis Borloo s'est en effet dit satisfait du discours d'Emmanuel Macron, estimant que "tous les sujets [de son] rapport ont été cochés". Mais l'ancien ministre a également reconnu que le plus important restait l'"art de l'exécution". Alors que bien peu a été dit, tout reste encore à faire.