Olivier Dussopt 1:56
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avec AFP , modifié à
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a été interpellé lundi par un député issu du groupe La France insoumise, Aurélien Saintoul, qui l'a accusé d'être un "imposteur" et un "assassin". Cette accusation a aussitôt provoqué une suspension de séance à l'Assemblée lors de débats déjà houleux sur les retraites.

Le député LFI Aurélien Saintoul a accusé lundi le ministre du Travail Olivier Dussopt d'être un "imposteur" et un "assassin", provoquant aussitôt une suspension de séance à l'Assemblée lors de débats déjà houleux sur la réforme des retraites. Aurélien Saintoul a reproché au ministre d'avoir "menti" sur le nombre de morts au travail, en le taxant également de "félonie". Des cris ont retenti et Olivier Dussopt a quitté l'hémicycle durant la suspension, a constaté l'AFP.

Le député LFI présente ses excuses au ministre

La séance a repris près de 30 minutes plus tard avec des applaudissements à l'égard du ministre. Aurélien Saintoul a ensuite présenté des "excuses publiques" après des "mots déplacés". "J'ai commis une erreur", en raison de "la fatigue" et de "l'émotion", a-t-il plaidé. "J'ai toujours considéré que la violence, qu'elle soit physique, verbale, symbolique, n'avait aucune place dans la vie politique (...). J'entends vos excuses, elles ont le mérite d'être présentées et elles permettent au débat de se poursuivre, mais vous comprendrez qu'être traité d'assassin ne se pardonne pas", a réagi Olivier Dussopt.

Le président de séance, le RN Sébastien Chenu, a infligé à Aurélien Saintoul un rappel à l'ordre avec inscription au procès verbal, soit le retrait d'un quart de son indemnité parlementaire pendant un mois. Une sanction plus lourde pourrait être prononcée en bureau, la plus haute instance de l'Assemblée nationale.

Une indignation générale à l'hémicycle

Les responsables de tous les autres camps ont condamné ces propos, qui font suite à l'exclusion vendredi du LFI Thomas Portes pour 15 jours de séance, après un tweet polémique où il s'affichait avec son écharpe tricolore le pied sur un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt. Sur Twitter, la Première ministre Élisabeth Borne a souligné que "l'Assemblée nationale doit être le lieu du débat, pas celui des injures. Ceux qui insultent ne sont pas à la hauteur des Français qui les ont élus ni du débat démocratique qu'ils attendent".

"Je tiens à dire à quel point nous sommes choqués par les propos qui ont été tenus" par Aurélien Saintoul, a dit sous les applaudissements le président du groupe communiste André Chassaigne se disant "blessé", "humilié" par de "tels propos". "Il est inacceptable, inenvisageable que l'on continue dans cette escalade verbale", a dénoncé la présidente des députés Renaissance Aurore Bergé. "C'est véritablement insupportable", c'est "l'outrance permanente", a également déploré le chef de file des députés LR Olivier Marleix. "Cette escalade verbale a atteint peut-être aujourd'hui (lundi) son apogée", a déploré la présidente du groupe RN Marine Le Pen.

En début de séance, Olivier Dussopt avait déclaré qu'il y avait "650 décès par an au travail, un chiffre relativement stable. Chaque mort est un mort de trop". Aurélien Saintoul l'a interpellé plus tard en l'accusant de "mentir", en mentionnant des chiffres en augmentation, avec "150 veufs et orphelins" en plus. En 2021, il y a eu 645 décès reconnus en accident du travail, selon l'Assurance maladie, 88 de moins qu'en 2019. Plus de la moitié sont des malaises et 12% des décès routiers (hors accidents de trajet domicile-travail).