Thomas Portes LFI 2:28
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Alexis Delafontaine, édité par Julien Moreau avec AFP , modifié à
Le député Thomas Portes, a été vivement critiqué par des élus de la majorité présidentielle comme de l'opposition jeudi pour un tweet contre Olivier Dussopt, où l'Insoumis se met en scène le pied sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail. L'élu de Seine-Saint-Denis a refusé de s’excuser et est exclu 15 jours de l'hémicycle.

Le refus vendredi de l'Insoumis Thomas Portes de s'excuser pour un tweet contre le ministre du Travail Olivier Dussopt a interrompu l'examen de la réforme des retraites, dans l'attente d'une possible sanction du député. La séance à l'Assemblée a été suspendue le temps que le bureau de l'institution, sa plus haute instance collégiale, se prononce. Il a été réuni par la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, en raison du "tumulte" dans l'hémicycle autour de ce tweet polémique. 

Pour la gauche, Thomas Portes n'a rien fait de mal

Thomas Portes a été convoqué devant cette instance. Les macronistes souhaitent une sanction symbolique alors que la gauche estime que Thomas Portes n’a rien fait de mal.  L'Insoumis, ceint de son écharpe tricolore, s'est mis en scène jeudi sur le réseau social, le pied posé sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail. Alors que Thomas Portes commençait à défendre un amendement vendredi dans l'hémicycle, la majorité présidentielle a couvert ses propos de huées. "Calmez-vous collègues, y a pas de ballon ici", leur a lancé le député.

"Ne soyez pas étonné cher collègue", lui a ensuite dit Yaël Braun-Pivet. "Je crois que l'hémicycle vous demande des excuses", a-t-elle ajouté, sous les applaudissements de la majorité, de la droite et de l'extrême droite. Exigeant de "l'impartialité" de la part de la titulaire du perchoir, la patronne du groupe LFI Mathilde Panot a demandé une suspension de séance. A la reprise, les rappels au règlement se sont enchaînés. "Nous exigeons des excuses de votre part. Nous ne laisserons rien passer, jamais", a notamment affirmé la cheffe de file du groupe Renaissance Aurore Bergé. "Nous ne sommes pas du côté coupeurs de têtes", a aussi déclaré Jean-Louis Thiériot (LR).

Raquel Garrido accuse la majorité de faire une obstruction

A l'autre bord, Raquel Garrido (LFI) a accusé la majorité de "faire une obstruction" et "d'entraver le droit d'amendement" d'un élu. Thomas Portes ne parvenait toujours pas à défendre son amendement, et une deuxième pause a été ordonnée par la présidente. "Je retirerai mon tweet le jour où vous retirerez votre réforme qui va sacrifier des milliers de gens", a ensuite affirmé Thomas Portes. Ensuite, Thomas Portes a confié à ses collègues de la Nupes : "Je ne m'écraserai jamais devant les bourgeois", en parlant des macronistes. 

"C'est ni plus ni moins un appel au meurtre", a lancé Eric Woerth (Renaissance), à propos du tweet de l'élu LFI. "Vous pouvez détester ce que nous voulons faire, mais nous ne sommes pas détestables. Aucun nom propre ne mérite d’être sali, aucun visage ne mérite même symboliquement d’être foulé aux pieds", a tenté de calmer Frédéric Descrozaille, élu Renaissance.

Le député encourt une sanction 

Yaël Braun-Pivet a alors annoncé la convocation du bureau de l'Assemblée "devant l'absence d'excuses de Thomas Portes qui provoque manifestement un tumulte". Mathilde Panot s'y était dite favorable pour "qu'on puisse continuer sur la réforme des retraites". Illustrant les divergences tactiques au sein de la gauche, l'écologiste Eva Sas a ensuite estimé devant la presse que "le tweet de Thomas Portes était inapproprié et qu'il faut revenir aux débats sur le fond dans l'hémicycle".

"Nous estimons a minima qu'il devrait y voir un regret par rapport à ce qui se passe et par rapport au tweet qui a été fait", a renchéri sa collègue EELV Sabrina Sebaihi. Un député encourt quatre types de "peines disciplinaires" pour son comportement dans l'enceinte de l'hémicycle : le rappel à l’ordre simple, le rappel à l'ordre avec inscription au procès‑verbal, la censure, ou la censure avec exclusion temporaire, qui est la peine la plus lourde. Pour les deux peines les plus sévères, la décision doit être approuvée par un vote de l'Assemblée.

Vendredi, en fin de journée, l'Assemblée nationale a tranché et a décidé d'exclure Thomas Portes pour une durée de 15 jours.