Annonces du gouvernement sur le coronavirus : "On attendait des réponses, on a eu des commentaires"

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Le professeur Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital Pompidou à Paris, a critiqué les annonces du gouvernement, dévoilées vendredi après-midi. "On est dans la communication pure", a estimé sur Europe 1 celui qui est aussi maire LR de La Garenne-Colombes.
INTERVIEW

Le gouvernement a dévoilé plusieurs mesures destinées à lutter contre le coronavirus vendredi après-midi, dont la réduction de la durée d'isolement à 7 jours ou encore le recrutement de 2.000 personnes pour tracer les cas contacts. Le professeur Philippe Juvin, chef de service des urgences de l’hôpital Pompidou à Paris, s'est dit déçu par ces annonces, vendredi soir sur Europe 1. "On attendait des réponses précises, on a eu essentiellement des commentaires", a critiqué celui qui est également maire LR de La Garenne-Colombes, en région parisienne. "On est dans la communication pure et ça a une conséquence immédiate sur la confiance des Français", a-t-il ajouté. 

Philippe Juvin a également dénoncé "une sorte de cacophonie" du gouvernement. "Pendant plusieurs jours on nous dit : ‘attention vendredi à 16 heures vous allez voir ce que vous allez voir’. Puis finalement ce sera à 17 heures, puis à 17h30 (en référence aux décalages successifs de l'horaire de l'allocution de Jean Castex, ndlr), et finalement il n’y a pas d’annonces : là il y a un problème de communication. Le gouvernement a le droit de se tromper, mais on attend qu’il prenne des décisions et qu’il les assume. J’ai l’impression qu’il y a une confusion entre un plan de communication et les actions."

"Tout cela est très flou" 

Le professeur a tout de même relevé "une exception" : l'annonce du recrutement de 2.000 personnes au sein de l'Assurance maladie et des Agences régionales de santé (ARS) pour tracer les cas contacts. "Je ne suis pas sûr que ça va régler le problème. Je me souviens qu’au mois de mai, on nous avait dit qu’il y aurait 30.000 embauches, je ne sais pas où on en est. Tout cela est très flou", a réagi Philippe Juvin, qui a demandé au gouvernement de prendre plusieurs mesures, notamment sur les tests. "C’est compliqué de se faire tester, mais c’est encore plus long pour avoir les résultats. Le Premier ministre l’a dit : il faut privilégier les malades et les sujets contacts. Mais ça ne suffit pas, il faut dire comment on fait. Je pense qu’il faut se poser la question de l’absence de remboursement du test aux personnes qui n’ont aucun symptôme, sinon on ne va jamais y arriver. Il faut que les patients soient testés", a-t-il demandé. 

Philippe Juvin a également appelé le gouvernement à clarifier sa ligne sur les écoles. "Le Premier ministre n’en a pas parlé. C’est un sujet très chaotique, car dans une école on va fermer une classe en cas de contamination d’un ou deux enfants, et dans l’école d’à côté on ne va pas la fermer. Ce que je veux, c’est une doctrine constante sur le territoire national, sinon il n’y a pas de confiance des Français."

"On gère mal la crise parce qu'on a un temps de retard" 

Plus largement, le chef de service des urgences de l’hôpital Pompidou espère davantage d'anticipation de la part de l'exécutif. "C’est vrai que la situation n’a rien à voir avec [celle au] mois de mars, mais gouverner c’est prévoir. Le problème n’est pas aujourd’hui, mais dans deux ou trois semaines. Nous avons des projections qui nous laissent penser que dans deux ou trois semaines, nous allons avoir la moitié des lits de réanimation remplis de patients Covid. On va aussi traiter les autres patients, pour les cancers notamment, et comme on aura la moitié des lits occupés par des patients Covid, on sera dans une situation très compliquée", s'est-il inquiété.

"On ne cesse depuis six mois de faire des annonces, je veux que désormais, on fasse. Aujourd’hui, on n’a pas ouvert de lits de réanimation. On gère mal la crise parce qu’on a un temps de retard."