Affaire Benalla : nouvelle journée agitée à l’Assemblée, entre huées et suspensions de séance

Les députés ont multiplié les rappels au règlement et les interruptions de séance. Capture d'écran
Les députés ont multiplié les rappels au règlement et les interruptions de séance. Capture d'écran © LCP
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Antoine Terrel avec AFP , modifié à
Comme vendredi, les débats parlementaires sur la révision constitutionnelle ont été perturbés par l'affaire Benalla samedi, le gouvernement et la majorité accusant l'opposition "d’obstruction".

Alors que l'affaire Benalla avait parasité toute la journée de vendredi les travaux sur la révision constitutionnelle, le chaos s'est à nouveau emparé de l'hémicycle, samedi et les parlementaires n'ont pas plus avancé. Entre rappels au règlement, suspensions de séance, et nouvelle polémique sur le badge attribué à Alexandre Benalla, résumé d'une nouvelle journée sous tension. 

Dès la reprise des travaux, peu après 15 heures, et alors que l'ensemble de l'opposition réclamait la suspension des discussions jusqu'à la semaine prochaine, le député PCF André Chassaigne a effectué un premier rappel au règlement. "Je ne vois pas comment on pourrait continuer à discuter d'une réforme constitutionnelle", s'est-il agacé d'entrée. Et si pendant quelques minutes, les discussions ont à nouveau porté sur la révision constitutionnelle, une intervention du député LR et vice-président de l'Assemblée Marc Le Fur a à nouveau mis le feu aux poudres. 

Les députés LR s'indignent du badge permettant à Benalla d'accéder à l'hémicycle. Le député des Côtes-d'Armor a indiqué que le collaborateur d'Emmanuel Macron s'était vu attribuer un badge de l'Assemblée lui permettant d'accéder à l'hémicycle. "Alexandre Benalla disposait d'un tel badge depuis le 14 juillet 2017", et "ce badge lui a été retiré il y a trois jours", a-t-il affirmé, souhaitant "savoir qui a demandé un tel badge, quelle autorité élyséenne, pourquoi", et réclamant "que des mesures soient prises pour que de tels incidents ne puissent plus intervenir". 

Une nouvelle révélation qui a provoqué la fureur de l'opposition, notamment du patron du groupe LR Christian Jacob. "On apprend que ce barbouze, qui ne figure pas au JO, vient ici avec un badge H, qu'il peut entrer dans l'hémicycle. Au nom de quelle fonction, de la sécurité du président de la République"?, s'est-il écrié au micro, avant de réclamer et d'obtenir une suspension de séance. 

Dans un communiqué, la présidence de l'Assemblée nationale a indiqué que "c'est à la demande du directeur de cabinet du Président de la République qu'un badge a été attribué à Monsieur Benalla en juillet 2017, en sa qualité de chargé de mission auprès du chef de cabinet du président de la République". La présidence précise également que "ce badge a été désactivé hier dès que Monsieur Benalla a cessé ses fonctions au cabinet du président". 

Le gouvernement fustige "l'opération politicienne" de l'opposition. À la reprise des travaux, le gouvernement et la majorité ont fait part de leur agacement face aux multiples interruptions des débats. "Personne n'est dupe", d'une "opération politicienne à laquelle le gouvernement ne peut pas prêter son concours", a indiqué la ministre de la Justice Nicole Belloubet, jugeant que "certains veulent prendre en otage le texte constitutionnel". "Le gouvernement souhaite la poursuite" des travaux, s'est-elle exclamée, applaudie par sa majorité. Et de poursuivre : "vous voulez absolument lier deux sujets qui n'ont pas de connexion, l'un relève d'une affaire individuelle, l'autre d'une question d'intérêt collectif. L'affaire individuelle sera traitée dès lundi au niveau de la commission des Lois et par l'enquête judiciaire". 

Après une nouvelle interruption de séance et sous les protestations des députés, le patron du groupe LREM Richard Ferrand, a lui qualifié l'opposition de "pompier pyromane", l'accusant "de prendre en otage une affaire judiciaire pour empêcher nos débats, faire obstruction par tous les moyens". "Je ne sais pas si vous avez piscine, nous on a travail", a-t-il raillé. 

"Nous ne faisons pas de l'obstruction mais de l'opposition républicaine face à ce qui s'apparente au gré des révélations à un scandale d'État", a protesté Sabine Rubin (LFI). De son côté, le député PS François Pupponi (PS) a estimé que les débats constitutionnels pourraient reprendre s'il y avait un accord "le plus rapidement possible" sur les auditions de la commission d'enquête parlementaire, alors que l'opposition et la majorité ne trouvent pas d'accord sur le périmètre des auditions de lundi. 

Marine Le Pen et Castaner se disputent devant les caméras. Après une levée de la séance un peu avant 19 heures, les débats animés se sont poursuivis devant la presse. Ainsi Marine Le Pen et le délégué général de LREM Christophe Castaner se sont violemment accrochés devant les caméras, Marine Le Pen reprochant à l'ancien porte-parole du gouvernement de refuser de se rendre dans l'hémicycle et les deux s'accusant mutuellement de "s'asseoir sur la démocratie".

"Vous n'êtes pas dans l'hémicycle, où tout le monde vous réclame, même vos amis (...) C'est hallucinant (...) Vous êtes en train de faire une conférence de presse, de diffuser vos éléments de langage", s'est écriée la députée du Pas-de-Calais en fustigeant le refus de plusieurs auditions par la commission d'enquête, "notamment de M. Benalla (...) le personnage principal de cette affaire - En Marche ne veut pas qu'il soit entendu - et de Monsieur Castaner, à la tête d'En Marche, alors qu'un salarié d'En Marche est mis en cause".