Emmanuel Macron à Amiens (2000x1000) CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP 1:25
  • Copié
Jean-Rémi Baudot, édité par Ugo Pascolo , modifié à
En pleine grogne estudiantine, le président a pris le temps lors de son voyage à Amiens pour répondre aux préoccupations de ces derniers, et défendre son action.
REPORTAGE

Une dizaine de jours après qu'un étudiant s'est immolé par le feu à Lyon, suscitant l'émotion et la colère de ses pairs, Emmanuel Macron a consacré quelques heures de son voyage sur ses terres, à Amiens, à discuter avec des étudiants. Dans un amphithéâtre, en "mode grand débat", le président est resté seul face aux étudiants, mais aussi face aux décisions qu'il a pu prendre. 

"Les cinq euros d'APL, je les traîne comme un boulet"

La question de la précarité estudiantine est rapidement arrivé sur le tapis. "Alors que la précarité existe bel et bien depuis plusieurs années, vous diminuez de cinq euros les APL pour les étudiants, le ticket du restaurant universitaire augmente de cinq centimes, l'accès aux aides sociales est de plus ne plus illisible", lance une étudiante au président. Lui appelle à être jugé sur son bilan : "Si vous commencez à énoncer des faits, il faut tous les dire. Les cinq euros d'APL, je les traîne comme un boulet, mais il faut le mettre au regard de tout ce qui a été fait plus largement pour les étudiants." 

Le président rappelle notamment à son auditoire qu'il a supprimé les 217 euros par an de sécurité sociale étudiante, et essaye de convaincre qu'il n'a pas baissé les bourses et que les jeunes ne sont pas les grands oubliés de ce quinquennat. Si l'accueil des étudiants a été poli, ils semblaient perplexes quant aux réponses apportées par le président. 

 

Emmanuel Macron interpellé à Amiens sur la précarité des doctorants

Un quart des doctorants en France ne sont pas financés : seuls 73% des 16.800 étudiants inscrits en première année de doctorat en 2017 (pour 73.000 doctorants au total) ont reçu un financement, selon le ministère, dont seulement 38% en sciences humaines et sociales. Beaucoup donnent des cours comme vacataires et 10% n'ont aucun revenu. "On leur dit, ce sera l'année prochaine que vous mangerez mais c'est tous les jours qu'on mange. Ils travaillent gratuitement pou la recherche française", a lancé la jeune femme au chef de l'Etat, venu rencontrer des étudiants sur le parvis du nouveau pôle universitaire de la Citadelle, avant un échange au sein de l'établissement.

Et pour ceux qui ont un financement, "être au dessus du Smic, ce serait la moindre des choses", a-t-elle poursuivi. "Il y a 17.000 vacataires qui effectuent plus d'un demi-temps plein d'enseignant chercheur. Ça fait 13.000 postes d'enseignants-chercheurs qu'on devrait créer", a-t-elle plaidé. "Le projet de loi de programmation sur la recherche (prévu pour 2021, ndlr) vise justement à pouvoir rémunérer les doctorants", lui a répondu Emmanuel Macron.

"Dans la loi, on clarifie le cadre, pour que quand les gens s'engagent dans un doctorat on ait dès le début de la visibilité sur les financements qui vont avec. Il faut être clair dès le début sur ce qu'on décide de financer. Quand il y a pas de postes, il faut leur dire. Il faut ouvrir des postes mais ne pas laisser les gens s'engager dans des filières sans financement", lui-a-t-il dit. Un sujet qu'il aura l'occasion d'aborder de nouveau ce sujet la semaine prochaine, lors des 80 ans du CNRS.