Ils veulent tous surfer sur la vague Syriza

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Louis Hausalter , modifié à
TOUS FANS - Le mouvement anti-austérité, favori des élections grecques de dimanche, est soutenu par la gauche de la gauche… et Marine Le Pen.

Il réussit l'exploit de mettre d'accord Jean-Luc Mélenchon, Cécile Duflot, Pierre Laurent... et Marine Le Pen. Il s'agit d'Alexis Tsipras, le leader de Syriza, ce parti anti-austérité favori des élections législatives grecques qui ont lieu dimanche prochain. En France, la gauche radicale ne cache pas son admiration. Lundi, le Parti de gauche, les écologistes, le Parti communiste (PCF) et une poignée de représentants de l'aile gauche du Parti socialiste ont tenu ensemble à Paris un meeting de soutien au parti en vogue en Grèce. Quant à Marine Le Pen, elle a déclaré lundi qu'elle "espérait la victoire de Syriza".

Ce mouvement a bouleversé le jeu politique grec. Créé en 2000, le parti est monté en puissance en dénonçant la politique d'austérité menée à la suite de la crise de la dette souveraine. Alexis Tsipras, qui pourrait devenir le prochain Premier ministre grec, fait trembler Bruxelles. Même si Syriza a récemment mis de l'eau dans son vin, renonçant par exemple à prôner une sortie de la Grèce de la zone euro. A quelques jours du scrutin, il caracole en tête des sondages, et a littéralement ringardisé le parti socialiste grec (Pasok), qui oscille entre 4 et 6% des intentions de vote.

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Le rêve d'un Syriza à la française. La gauche de la gauche française serait-elle jalouse ? En tout cas, elle veut croire que la possibilité d'une victoire de Syriza donne raison à son credo anti-austérité. "Si pour la première fois, un gouvernement dans l'Union européenne s'oppose à la politique d'austérité de la troïka, c'est la démonstration qu'on peut y arriver", affirme à Europe 1 Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche (photo). "Il ne suffit pas de crier 'Vive Syriza' pour remporter des élections", admet l'eurodéputé socialiste Guillaume Balas. "Même s'ils l'emportent, il n'y aura pas de traduction directe dans les urnes en France. Mais un autre horizon se dessinera, la question européenne se posera de manière différente".

Jean-Luc Mélenchon rêve, lui, de surfer sur un "printemps européen" pour former une nouvelle "coalition" des partis de gauche, a-t-il affirmé mardi sur BFMTV. Il compte pour cela sur la victoire de Syriza en Grèce, mais aussi sur celle du mouvement Podemos en Espagne, où des législatives auront lieu en novembre. En France, cette hypothétique coalition se poserait en alternative au PS, allant des communistes aux écologistes en ralliant au passage des "frondeurs" socialistes. Un Syriza à la française, en quelque sorte. "Un fantasme", tranche le politologue Eddy Fougier, spécialiste des mouvements de gauche radicale. "On a vu lors des scrutins de 2014 que l'élan en France n'était pas du côté de la gauche radicale, mais plutôt de la droite radicale". Pour le chercheur, "la solution d'une politique encore plus à gauche est inaudible pour une grande partie des catégories populaires, qui demandent surtout plus d'autorité, un chef et un discours ferme sur l'islam et l'immigration".

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Le Pen aussi soutient Syriza. Un discours porté en France par Marine Le Pen… qui a décidé d'apporter elle aussi son soutien à Syriza. "Nous ne sommes pas d’accord avec tout leur programme, notamment sur le plan de l’immigration. Mais nous nous réjouirions de leur victoire", a déclaré la présidente du Front national au Monde.

Au Parti de gauche, on crie à la "récupération politicienne". "Syriza est un mouvement qui part du peuple grec, victime de l'austérité", estime Eric Coquerel. "Or, avant de tenir un discours anti-austérité, le FN est surtout anti-immigrés. Et on a vu comment il a voulu diviser le peuple après l'attentat contre Charlie. Ils ne peuvent en aucun cas se revendiquer d'une force comme Syriza".

"Aujourd'hui, le vrai clivage se situe entre européistes et patriotes", rétorque Florian Philippot, le numéro 2 du FN, contacté par Europe 1. "Duflot est européiste. Quant à Mélenchon, qui a largement disparu des écrans radars, on ne se détermine pas par rapport à ses arguments. Le vote Syriza est le seul capable de faire trembler la caste européiste et de susciter en débat sur l'Union européenne, l'euro et l'austérité".

Mélenchon ira-t-il en Grèce ? Le soutien de Marine Le Pen semble couper l'herbe sous le pied de la gauche radicale. Selon nos informations, Jean-Luc Mélenchon envisageait sérieusement de se rendre dès jeudi à Athènes pour assister à la fin de la campagne de Syriza, en compagnie de Pierre Laurent. Mais selon son entourage, sa présence est finalement incertaine.