Catherine Guyot  Anne-Christine POUJOULAT / AFP 3:49
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Séverine Mermilliod
Le 26 août marque l'anniversaire du MLF, Mouvement de libération des femmes, il y a cinquante ans. Catherine Guyot, journaliste, militante du Mouvement de libération des femmes et de l’Alliance des femmes pour la démocratie, était l'invitée d'Europe 1 pour en parler. Elle estime que le MLF "a bien travaillé" et remporté plusieurs victoires, mais que beaucoup reste encore à faire.
INTERVIEW

A quoi ressemblait la France pour les femmes il y a cinquante ans ? Certainement pas à celle d'aujourd'hui, et le Mouvement de libération des femmes, MLF, y est pour quelque chose. En 1970, neuf femmes se font arrêter parce qu'elles déposent une gerbe sous l'arc de triomphe avec ce message : "un homme sur deux est une femme". C'est la naissance du MLF, au sein duquel Catherine Guyot, journaliste, a milité une grande partie de sa vie. Au micro d'Europe 1, elle est revenue sur les avancées permises par le MLF et a estimé que les féministes d'aujourd'hui "s'y prennent très bien".

Les féministes d'hier...

Il y a cinquante ans, "le droit de vote avait été donné aux femmes seulement en 44. Il y avait seulement quelques années qu'elles avaient le droit d'avoir un carnet de chèques sans l'autorisation de leur mari, de travailler aussi. Et en politique n’en parlons pas : il y avait peut-être 1 ou 2% de femmes à l’assemblée nationale", a rappelé Catherine Guyot. "Il y avait aussi un chose terrible qu’était la question de l’avortement, sous le coup d’une loi extrêmement répressive qui envoyait les femmes en prison quand ça ne les tuait pas (parce qu’il y avait l’avortement clandestin)".

Résultat, "on était en colère", a appuyé la militante, qui a alors signé le manifeste des 343, une pétition lancée en 1971 dans laquelle des femmes déclarent avoir avorté, ce qui était alors illégal. S'enchaînent ensuite des victoires : le partage de l’autorité parentale, "fruit du MLF et qui a changé la vie de toutes les femmes, hommes et enfants", l'égalité de rémunération en 1972, la pilule remboursée par la sécurité sociale en 1974, et enfin l’IVG avec la loi Weil en 1975. 

...et d'aujourd'hui

"Je pense qu’on a bien travaillé", sourit donc Catherine Guyot, qui rappelle toutefois que du chemin reste à parcourir. "Les femmes partout dans le monde sont en lutte, prioritairement contre les violences qui les frappent (viol, violences conjugales, harcèlement)", et il y a aussi "la lutte pour la parité" qui nécessite encore des efforts. Concernant les féminicides, "il y a encore énormément à faire", mais Catherine Guyot considère que la libération de la parole de ces dernières années est un signal "très stimulant et encourageant".

Malgré tout les féministes d'aujourd'hui, selon elle, "s'y prennent très bien". "Les Femen ne sont pas les seules : il y a le mouvement Metoo, et en Amérique latine le mouvement 'Pas une de moins', en France, les grandes manifestations contre les féminicides… L’élan que le MLF avait trouvé à sa création en 68 est bien passé", s'est-elle réjouie au micro d'Europe 1.