Bernard Cazeneuve 7:10
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Manon Fossat
Le procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris s'ouvre mercredi devant la Cour d'assises de la capitale. Invité de Sonia Mabrouk dans Europe Matin mardi, l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve est revenu sur les évolutions en matière de contrôle aux frontières et sur le renforcement de la coopération entre les pays. 
INTERVIEW

Il était le ministre de l'Intérieur lors des attentats du 13-Novembre qui ont ensanglanté Paris, il y a près de six ans. A la veille de l'ouverture du procès historique de ces attaques, qui va réunir pas moins de 1.800 parties civiles et durant lequel 20 personnes seront jugées pendant 140 jours d'audience, Bernard Cazeneuve était l'invité de Sonia Mabrouk dans Europe Matin. Alors que la majorité des terroristes des attentats de Paris étaient des revenants passés par la route des migrants qui partait de Syrie, il a assuré qu'une coopération et des contrôles accrus aux frontières étaient nécessaires. 

"Resserrer de plus en plus les mailles du filet"

"La mise en place du PNR (registre européen des passagers aériens), de Frontex, et le renforcement de la coopération entre les services de renseignement doit permettre de resserrer de plus en plus les mailles du filet. Il y a une nécessité aux frontières extérieures de l'UE", a-t-il affirmé. Interrogé sur les 20% de personnes qui sont arrivées sur le sol de l'Union Européenne et n'ont pas été passées au système d'information Schengen - le fichier de sécurité européen - sur l'année 2018, l'ancien Premier ministre a en effet jugé que des mesures avaient été prises depuis. 

"On n'attend pas. Beaucoup de choses ont été faites entre la montée en puissance de Frontex, la réforme du code frontières Schengen ou Europol et Eurojust qui ont permis d'obtenir de très bons résultats en matière de lutte antiterroriste. Vous savez combien d'informations sont échangées entre les polices et les services de renseignement au sein de l'Union européenne depuis le renforcement de la coopération ?  75 millions par an", a détaillé Bernard Cazeneuve qui a précisé que 1.1700 personnes avaient notamment été affectées à Frontex. 

"Pointer les failles pour ce qu'elles sont"

"Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de failles. Je souhaite simplement que quand il y a des failles, on les pointe pour ce qu'elles sont", a également glissé celui qui était alors ex-ministre de l'Intérieur en référence notamment à la coopération entre les services belges et français sur le cas Salah Abdeslam. "Nous avons interrogé le fichier Schengen et il n'a pas révélé à ce moment-là quelle était la vraie personnalité d'Abdeslam. Tout simplement parce que les services dont c'était la compétence en Belgique n'avaient pas renseigné le fichier. Et c'est au terme du constat de cette bévue que j'ai pris avec Theresa May et Thomas de Maizière, une initiative destinée à renforcer la coopération entre les services de renseignement", a-t-il posé.

Concernant ces failles, Bernard Cazeneuve a enfin expliqué quelle posture il adoptait vis-à-vis des proches des victimes. "Je ne vais pas aller au procès devant les familles en envoyant un nuage de fumée. Je vais aller devant les familles avec la volonté d'être extraordinairement précis", a-t-il affirmé. L'ancien Premier ministre sera en effet présent au procès qui s'ouvre mercredi, où il doit témoigner.