Valeurs Actuelles renvoyé en procès pour "injure à caractère raciste" contre Danièle Obono

Danièle Obono entend "se constituer partie civile dans cette affaire".
Danièle Obono entend "se constituer partie civile dans cette affaire". © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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avec AFP , modifié à
L'hebdomadaire sera jugé le 23 juin par le tribunal correctionnel de Paris. Le directeur de publication, Erik Monjalous, comparaîtra notamment pour "injure publique à caractère raciste", après une "politique fiction" publiée en août et dépeignant la députée LFI Danièle Obono en esclave. 

L'hebdomadaire Valeurs Actuelles sera jugé le 23 juin par le tribunal correctionnel de Paris pour "injure publique à caractère raciste" après une "politique fiction" fin août dépeignant la députée LFI Danièle Obono en esclave, a indiqué mercredi le parquet de Paris, sollicité par l'AFP.

Le directeur de publication de Valeurs Actuelles, Erik Monjalous, son directeur de la rédaction, Geoffroy Lejeune, et l'auteur de l'article comparaîtront pour cette "politique-fiction" comportant des dessins de Danièle Obono collier en fer au cou qui avait suscité une vague de condamnations unanimes dans la classe politique, dont celle du président de la République.

Danièle Obono entend "se constituer partie civile"

Le premier est visé pour "injure publique à caractère raciste" et les deux autres pour "complicité" de cette infraction, a précisé le parquet. La députée Danièle Obono et le mouvement La France insoumise avaient indiqué dans un communiqué mardi avoir appris "avec satisfaction" ce renvoi en procès. "Cette publication, particulièrement outrageante, avait légitimement soulevé une indignation quasi-unanime en France et à l'étranger", soulignent Danièle Obono et LFI.

La députée, qui avait porté plainte, "entend désormais se constituer partie civile dans cette affaire", avec l'intention "de dénoncer la banalisation du discours sexiste, raciste et xénophobe dans notre pays, banalisation qui a mené un journal d'extrême droite à soumettre, symboliquement, une femme politique noire au crime contre l'humanité que fut l'esclavage en Afrique".

Dans ce récit de 7 pages publié fin août par le magazine ultra-conservateur, la députée de Paris "expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" au XVIIIe siècle, selon la présentation qu'en fait l'hebdomadaire. Le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait appelé la députée pour lui faire part de sa "condamnation claire de toute forme de racisme", tandis que le Premier ministre Jean Castex avait déploré une "publication révoltante".

"Valeurs Actuelles" s'était défendu de tout racisme

Le magazine d'opinion avait répondu sur Twitter qu'il s'agissait d'"une fiction mettant en scène les horreurs de l'esclavage organisé par des Africains au XVIIIe siècle", "terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir". Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, s'était ensuite "excusé auprès d'elle à titre personnel". "On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danièle Obono soit choquée", avait-il dit, assurant que son journal n'était "pas raciste".

Sollicité par l'AFP mercredi, Geoffroy Lejeune a indiqué que "ce procès sera l'occasion de démontrer les postures politiciennes de ceux qui nous ont attaqués à l'occasion de cette affaire, de prouver notre bonne foi à ceux qui ont été troublés, et d'expliquer enfin clairement nos intentions dans ce dossier : lutter contre le discours des indigénistes et la guerre des mémoires qui conduit à la fracturation de la France".