la "Ligue du LOL" est un groupe Facebook crée en 2010 par le journaliste Vincent Glad. 2:28
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Romain David , modifié à
Invité samedi de "C’est arrivé cette semaine" sur Europe 1, le journaliste David Doucet, licencié des "Inrockuptibles" après les révélations sur la "Ligue du LOL", est revenu sur cet épisode, évoquant une forme de lynchage médiatique. 
INTERVIEW

 

Mise à jour le 9 septembre 2021 - Un licenciement "sans cause réelle et sérieuse". C'est le verdict décidé par les Prud'Hommes dans le conflit qui opposait le magazine Les Inrockuptibles et son ancien rédacteur en chef David Doucet. Pour le magazine, le licenciement pour "faute grave" de David Doucet était justifié par une "dégradation de l’image du journal" et "comportement inapproprié vis-à-vis des autres salariés de l'entreprise". Deux motifs que n'ont pas retenus les Prud'Hommes. Le magazine est condamné à verser 20.000 euros d'indemnités et 25.000 euros de dommages et intérêts à son ancien salarié.

En mars 2019, le journaliste David Doucet, rédacteur en chef des Inrockuptibles, était licencié pour faute grave. Il lui était notamment reproché d’avoir nui à l’image du magazine, alors que quelques semaines plus tôt il avouait avoir fait partie de la "Ligue du LOL". Ce groupe privé Facebook, créé en 2010 par le journaliste Vincent Glad, est alors au cœur d’une importante polémique, ses membres étant accusés de harcèlement en ligne par une dizaine de victimes présumées que se sont notamment exprimées dans les colonnes de Libération. Invité samedi de Frédéric Taddeï, dans C’est arrivé cette semaine, David Doucet est revenu sur cet épisode.

"J’avais le sentiment d’avoir fait une erreur", avoue David Doucet. De son propre chef, il avait révélé dans un message posté sur Twitter le 10 février 2019 avoir participé à un canular téléphonique contre une journaliste qui avait, quelques jours plus tôt, témoigné de son expérience avec la "Ligue du LOL", mais sans le nommer directement. "Cette journaliste m’a demandé des excuses publiques, je recevais également des milliers d’insultes. Je me suis excusé auprès d’elle. Depuis je l’ai rencontrée, on s’est expliqué et elle m’a pardonné", assure David Doucet.

"Une quinzaine de licenciements, des dépressions lourdes, des tentatives de suicide"

Mais pour David Doucet, l’intégralité des membres de ce groupe Facebook se sont vus reprocher des faits seulement commis par quelques-uns. Il dénonce ainsi une confusion entre ce qui est moralement condamnable et ce qui tombe sous le coup de la loi. "Une liste a été diffusée illégalement sur Internet de membres supposés de ce groupe Facebook privé. […] Quelques personnes de ce groupe avaient commis des actes répréhensibles, que je condamne, mais tout le monde a été mis dans le même sac", déplore le journaliste, qui a publié en septembre dernier, chez Albin Michel, La Haine en ligne : Enquête sur la mort sociale.

"Un tiers des membres étaient des femmes. Elles ont été invisibilisés dans le récit médiatique", pointe encore David Doucet. "Depuis, des femmes se sont exprimés pour appeler que ça n’était pas qu’un groupe d’hommes, mais très peu de médias veulent revenir sur cet emballement", constate-t-il. "Il y a eu une quinzaine de licenciements, des dépressions lourdes, des tentatives de suicide", regrette David Doucet, qui a contesté devant les prud’hommes son renvoi.