La chaîne M6 "interdite d'opérer" en Algérie après la diffusion d'"Enquête Exclusive"

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Charles Decant avec Alexis Patri , modifié à
M6 a diffusé dimanche dernier un numéro d'"Enquête Exclusive" sur les révoltes en Algérie. Un reportage qui n'a pas plu au gouvernement du pays, qui a décidé de s'attaquer a "la six".

Dimanche dernier, M6 proposait un nouveau numéro d’Enquête exclusive, consacré à la révolte populaire qui secoue l’Algérie depuis un an. Des reportages, que Bernard de la Villardière avait présenté la semaine dernière dans Culture Médias, et qui ont fortement déplu au gouvernement algérien. En conséquence, le ministère de la Communication algérien a indiqué ce lundi que M6 était désormais "interdite d’opérer" dans le pays. Ce qui signifie que la chaîne ne pourra plus ni envoyer, ni embaucher de journalistes sur place. Le ministère dénonce un reportage qui aurait volontairement terni l’image du pays et qui vise à "fissurer la confiance indéfectible entre le peuple algérien et ses institutions".

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"Fausses autorisations" et caméras cachées

Le gouvernement algérien accuse la chaîne d'avoir utilisé une fausse autorisation de tournage pour mettre en boîte le reportage, d’avoir utilisé des caméras cachées et d’avoir dénaturé les témoignages de trois jeunes Algériens. Enquête Exclusive suivait en effet une youtubeuse, une danseuse et comédienne et un jeune homme engagé en politique pour que l’Algérie devienne un état islamique. 

La révolte populaire qui a cours depuis un an n'a pas attendu M6 pour faire la preuve d'une fissure dans "la confiance indéfectible entre le peuple algérien et ses institutions". Invité de Culture Médias vendredi dernier, le rédacteur en chef du magazine Patrick Spica répondait également par anticipation aux attaques du gouvernement algérien sur les méthodes de travail. Et notamment sur l'usage de caméras cachées. "Nous avons par moments dû filmer avec des caméras discrètes", prévenait-il. "Même avec des autorisations, quand vous partez en interview avec des caméras classiques, vous êtes régulièrement arrêté et vous passez la journée au poste de police."

Une réaction du gouvernement algérien attendue

Les journalistes algériens et franco-algériens avaient également anticipé une réaction hostile du gouvernement algérien. La majorité d'entre eux ont en effet décidé de rester anonymes afin de ne pas être reliés à l'émission de M6 et éviter les représailles. Une peur appuyée par la récente condamnation en appel du journaliste algérien Khaled Drareni, auquel Bernard de la Villardière avait apporté son soutien.

Face à cette "interdiction d'opérer", M6 a réagi en rappelant que la chaîne France 5 avait déjà fait l’objet de critiques du pouvoir algérien en mai dernier, pour un documentaire sur les manifestations du Hirak. La chaîne n'avait cependant alors pas subi l'"interdiction d'opérer", aujourd'hui imposée à M6.