Donald Trump 2:24
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Plusieurs chaînes américaines se sont distinguées lors de l'élection présidentielle, la semaine dernière, en interrompant un discours de Donald Trump après le scrutin. Sur Europe 1, lundi, les journalistes Patricia Loison et Julien Arnaud imaginent un cas de figure similaire en France et évoquent la politisation des médias américains.
INTERVIEW

La séquence restera sans nul doute comme l'une des images les plus marquantes de l'élection présidentielle américaine. Mardi soir, Donald Trump a tenu un discours dans lequel il affirmait avoir gagné le scrutin et dénonçait les "fraudes" de ses adversaires démocrates. Avant la fin de cette intervention, NBC a décidé de couper la diffusion de ce discours pour opérer un correctif à l'antenne. Un acte qui s'est répété jeudi soir avec un nouveau discours interrompu par plusieurs chaînes, mais qui serait difficilement imaginable en France, selon les journalistes Patricia Loison et Julien Arnaud, invités d'Europe 1, lundi matin.

"Écouter puis expliquer"

"Même Fox News lui a coupé la parole", rappelle Patricia Loison, qui a assuré l'édition spéciale de franceinfo dans la nuit de mardi à mercredi. "Mon ressenti, c'est qu'enfin on sentait la tendance bouger. Du coup, la chaîne se permettait de faire ça. Je pense qu'avec une mandature 'normale', elle ne l'aurait peut-être pas fait", explique-t-elle à propos de Fox News, chaîne traditionnellement favorable aux opinions de Donald Trump.

De son côté, Julien Arnaud "ne pense pas" qu'une chaîne d'information pourrait couper le discours d'Emmanuel Macron ou d'un autre dirigeant politique français... Ni même celui de Donald Trump. "C'est quand même le président des États-Unis", insiste le journaliste de LCI. "Il a été élu et il est encore président jusqu'au 20 janvier."

" On a essayé de revenir sur les différentes phrases qu'il avait prononcées, de dire pourquoi c'était faux "

Julien Arnaud défend une démarche différente des chaînes américaines lorsque le chef de l'État propage des contre-vérités : "Nous, on l'a diffusé, ce discours, parce que c'était très important. On attendait sa parole et c'est vrai qu'on avait du mal à comprendre un petit peu ce qui disait. Il parlait de fraudes, il n'y avait pas de preuve… On a écouté jusqu'au bout et ensuite, on a essayé de l'expliquer. Je pense que c'est notre travail et notre rôle. On a essayé de revenir sur les différentes phrases qu'il avait prononcées, de dire pourquoi c'était faux, pourquoi il était sans doute en train de vriller un petit peu. On a préféré cette démarche-là, de l'écouter et ensuite de l'expliquer, plutôt que de lui 'couper la chique'."

Prendre parti, "pas dans notre culture" ?

Ce choix-là s'inscrit dans une politisation historique des chaînes d'information, avec une CNN pro-démocrate et une Fox News aux vues beaucoup plus conservatrices. BFMTV, LCI, CNews ou franceinfo pourraient-elles prendre officiellement parti pour un candidat à la présidentielle ? "Non, à ce point-là, ça ne serait pas possible. Ce n'est pas dans notre culture et c'est tant mieux", répond Julien Arnaud.

"Il y a quand même des tons différents dans les chaînes info", nuance Patricia Loison, journaliste du service public, qui évoque en creux la chaîne CNews, souvent prise en contre-modèle conservateur par les autres médias. "On entend des choses sur certaines antennes où il y a une couleur. C'est bien d'avoir une chaîne info de service public, dans ces cas-là."