Présidentielle américaine : l'attente se prolonge, Biden appelle à l'unité

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Europe 1 avec AFP , modifié à

Joe Biden a pris la parole dans la nuit de vendredi à samedi pour appeler les Américains à "se rassembler". Le démocrate, qui devance Donald Trump dans plusieurs Etats-clés, pourrait bientôt atteindre la barre des 270 grands électeurs et décrocher ainsi sa place à la Maison-Blanche. 

À quelques voix seulement de la Maison-Blanche, Joe Biden s'est exprimé publiquement dans la nuit de vendredi à samedi appelant les Américains à "se rassembler" pour surmonter "la colère". Ce vendredi, il s'est encore rapproché du bureau ovale en prenant la tête de la course dans les l'Etats-clés de Géorgie et de Pennsylvanie. Au lendemain de nouvelles accusations de fraude proférées sans la moindre preuve par Donald Trump, qui continue d'affirmer être le vainqueur de la présidentielle, l'ancien vice-président démocrate devance le républicain de près de 30.000 voix en Pennsylvanie. Une victoire dans cet État avec un écart suffisant lui assurerait 

Les compteurs pour arriver aux fameux 270 grands électeurs - la majorité du collège électoral - ouvrant les portes de la Maison-Blanche sont toujours bloqués : 253 ou 264 voix pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l'Arizona, et 214 pour Donald Trump. Malgré cette avance confortable, l'équipe du président sortant le martèle : "l'élection n'est pas finie."

Les informations à retenir

  • Joe Biden s'est exprimé vendredi dans la soirée, appelant à l'unité
  • Biden devance Donald Trump dans l'État de Géorgie, qui va recompter les votes, et en Pennsylvanie
  • Le démocrate mène par 253 (ou 264 en fonction des médias) grands électeurs, contre 214 pour Donald Trump
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Les résultats de l'élection présidentielle américaine (@Europe 1)
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Joe Biden s'est exprimé dans la soirée 

C'est avec la victoire presque acquise, grâce notamment à son avance de près de 30.000 voix en Pennsylvanie, que Joe Biden s'est adressé aux Américains vendredi soir. L'ancien vice-président de Barack Obama s'est exprimé depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware, où une grande scène en plein air a été installée mardi, jour de l'élection. Il a appelé les Américains à "se rassembler" pour surmonter "la colère". Surtout, il a rappelé l'importance de tenir compte de tous les votes, derrières lesquels se cachent "des hommes et femmes qui ont exercé leur droit fondamental".

La Géorgie va recompter les voix

Alors que 98% des bulletins de vote ont été dépouillés jusque-là en Géorgie, l'État-clé a annoncé vendredi, peu avant 17 heures heure française, qu'un recomptage des voix va être effectué. Au moment de l'annonce, Joe Biden devancait Donald Trump de 1.579 voix seulement, l'écart est désormais de 4.000 voix. La course en Géorgie "reste trop serrée", a justifié le secrétaire d'État local, Brad Raffensperger, lors d'une conférence de presse à Atlanta. "Avec une marge aussi mince, il va y avoir recomptage en Géorgie."

La Pennsylvanie déterminante

Les États-Unis, qui attendent de connaître le nom de celui qui prêtera serment le 20 janvier, ont aussi les yeux rivés sur la Pennsylvanie, qui pourrait mettre fin au suspense. Joe Biden mène la course de près de 30.000 voix sur Donald Trump, selon le Associated Press. Un écart qui se creuse, puisqu'à 21h30 13.709 voix séparait le démocrate du républicain. Selon l'agence de presse américaine, 99% des bulletins ont été dépouillés dans cet état. 

Face à ce nouveau revers, l'équipe de campagne de Donald Trump a réagi : "cette élection n'est pas finie. Les projections erronées proclamant la victoire de Joe Biden sont basées sur des résultats loin d'être définitifs dans quatre Etats", a déclaré dans un communiqué Matt Morgan, un responsable de l'équipe de Donald Trump.

Signe que la situation est tendue en Pennsylvanie, des hommes armés ont été aperçus dans la nuit près d'un centre de dépouillement à Philadelphie. Des supporters de Biden, confiants mais résolus à attendre les résultats officiels étaient également réunis. Europe 1 est allée à leur rencontre

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La carte de l'élection présidentielle américaine (@Europe 1)
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Des supporters de Biden crient victoire devant la Maison-Blanche

Symbole que la victoire de Joe Biden fait de moins en moins de doute, plusieurs dizaines de ses supporters se sont déjà réunis devant la Maison-Blanche pour crier victoire vendredi en fin d'après-midi. Fervente soutien du démocrate, Wendy sait que les résultats ne sont pas encore officiels, mais pour elle c’est tout comme. "Ca sent la victoire, on ressent la victoire. On attend juste l’annonce officielle, mais les chiffres sont clairs." Notre reportage à découvrir ici.

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Trump accuse les démocrates de "voler l'élection"

À l'inverse, en Pennsylvanie, dans cet Amérique industrielle traditionnellement républicaine où règnent les usines d'acier et les forages gaziers, les pro-Trump accusent le coup d'une défaite qui semble imminente de leur champion. "C'est truqué à 110% !", affirme au micro d'Europe 1, Mike. Pour lui, "c'est impossible que Biden gagne la Pennsylvanie", et la présidentielle par la même occasion.

Le président américain Donald Trump a estimé vendredi soir que Joe Biden ne devrait pas revendiquer la victoire de façon "illégitime". "Joe Biden ne devrait pas revendiquer la présidence de manière illégitime", a tweeté le locataire de la Maison Blanche. "Je pourrais moi aussi la revendiquer. Les procédures judiciaires ne font que commencer!", a-t-il ajouté.

Pour le président sortant, la situation est meilleure dans l'Arizona, où il bénéficie directement de la prolongation du dépouillement. Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs que l'agence AP et Fox News lui avaient attribués dès la nuit électorale de mardi, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement très sûre.

Trump critiqué au sein même des Républicains

Plus de deux jours après l'élection, le 45e président apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il serait la victime. "Nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d'attiser les tensions sans éléments tangibles. 

Une attitude qui a également déplu à Mitt Romney. L'ancien candidat à la primaire républicaine de 2008 a estimé que les propos du président sapaient les institutions et attisaient les tensions. "Le président est dans son droit quand il demande un recomptage" des votes, mais "il a tort de dire que l'élection a été truquée", a-t-il dit dans un message sur Twitter. Les relations sont houleuses entre Mitt Romney et Donald Trump. 

Le président a en revanche reçu le soutien de deux sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. "Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré ce dernier sur Fox News.

Sur Europe 1, samedi, certains spécialistes parlent déjà de Donald Trump au passé. Ainsi, pour Anne Toulouse, journaliste spécialiste des États-Unis, Trump "s’est enfermé dans le silence car il sait que la messe est dite" et que Joe Biden est bien parti pour être le prochain président des États-Unis.

Nancy Pelosi qualifie Joe Biden de "président élu"

De son côté la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a jugé "évident" que Joe Biden allait "gagner la Maison Blanche". "Le président élu Biden a un mandat solide pour diriger", a-t-elle poursuivi en utilisant l'expression consacrée pour qualifier le vainqueur jusqu'à sa prise de fonctions, le 20 janvier.

Sur un tout autre ton, un porte-parole du candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden a menacé vendredi d'"expulser" Donald Trump de la Maison Blanche s'il refusait de reconnaître une défaite qui semble de plus en plus probable. La veille, le républicain avait crié une nouvelle fois à la fraude, sans apporter de nouveaux éléments, tandis qu'il a lancé plusieurs recours soit pour faire arrêter les dépouillements, soit pour recompter les voix, dans certains États. 

Dans le Michigan et la Géorgie, deux juges ont déjà rejeté des recours républicains. À la demande du camp Trump, un juge a en revanche ordonné aux autorités locales de Pennsylvanie de laisser entrer des observateurs républicains dans le centre de convention de Philadelphie où le dépouillement a lieu. Dehors, des partisans de Donald Trump manifestaient pour dénoncer des fraudes, face à des contre-manifestants.