Michèle Bernier sur Charlie Hebdo : "Tout le monde prend mais ce n'est jamais gratuit"

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Tiffany Fillon
Pour les 50 ans de Charlie Hebdo, célébrés lundi, la comédienne Michèle Bernier, fille du professeur Choron, l'un des fondateurs du journal, est revenue sur la ligne éditoriale de Charlie Hebdo. "Tout le monde en prend pour son grade mais ce n'est jamais gratuit", a-t-elle déclaré à propos de ce journal qui a, selon elle, fait partie des "plus interdits de France".
INTERVIEW

Le journal Charlie Hebdo fête lundi ses 50 ans, dans un contexte tendu lié à la récente vague d'attentats qui a touchée la France. Pour cet anniversaire, la comédienne Michèle Bernier, invitée sur Europe 1 lundi, a réaffirmé son attachement à ce journal emblématique cofondé par son père, le professeur Choron. "Dans Charlie Hebdo, tout le monde en prend pour son grade mais ce n'est jamais gratuit", a-t-elle affirmé. Elle souligne le caractère "antireligieux" du journal porté par "une bande d'athées" dès sa création.  

Charlie Hebdo représentait "leur ton et leur liberté de penser. C'était ça qui les tenait et qui les unissait tous", se souvient l'actrice. Pour Michèle Bernier, cette recherche de la liberté d'expression est à l'origine même de la création de Charlie Hebdo, créé pour contourner la censure. Après l'interdiction d'Hara Kiri, "mon père en a eu marre", dit-elle. 

"Audacieux, irrévérencieux, hors des lignes"

Tout a commencé avec une couverture polémique sur le général de Gaulle par Hara Kiri. "Dans la nuit, [mon père] change le titre, l’imprimeur le suit. Ça a donné Charlie Hebdo avec la même couverture, qui était hors la loi parce que l'on n'avait pas le droit de faire ça", raconte la comédienne. Pour les journalistes, c'est un soulagement. "Ils se sont dit : on va pouvoir parler, dire ce que l'on veut, être audacieux, irrévérencieux, hors des lignes et on n'aura pas peur", ajoute Michèle Bernier. 

À cause de tous ces scandales, "Hara Kiri et Charlie Hebdo ont été les journaux les plus interdits de France", résume l'humoriste. Par la suite, Charlie Hebdo a reçu "tout le temps des menaces". "Ça a coûté cher au journal, d'ailleurs", note-elle. Une identité basée sur la subversion qui a conquis Michèle Bernier. "Je ne dirais jamais que [Charlie Hebdo] va trop loin, jamais je ne me permettrai ça parce que je n'ai pas été élevée comme ça", assure-t-elle. 

Charlie Hebdo et la jeunesse

Aujourd'hui, Michèle Bernier espère que l'identité de Charlie Hebdo sera inscrit dans les mémoires. "Des jeunes ont envie de connaître cette époque et de savoir ce que veut dire la liberté d'expression", affirme-t-elle, définissant la liberté d'expression comme le droit de "dire son opinion". 

Le numéro de Charlie Hebdo publié pour ses 50 ans présente en Une les représentants des trois religions. "Alors les comiques... Il va vous falloir encore 50 ans pour vous décoincer ?", peut-on lire.