ukraine, pologne 5:17
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Solène Leroux , modifié à
Une semaine après le début de l'invasion russe en Ukraine, des centaines de Français sont encore présents sur place. Si certaines souhaitent rester pour aider, d'autres cherchent encore à fuir. Europe 1 a interrogé l'un d'entre eux, Jacques, retraité, mais aussi la députée Anne Genetet sur les conditions de sortie de ses ressortissants.

Le cap du million de réfugiés ukrainiens est donc atteint ce jeudi. Les Nations unies s'attendent à ce que le flot augmente encore ces prochaines semaines en raison de l'intensification de l'offensive russe. C'est également le sentiment du Quai d'Orsay, en particulier dans le cas de Kiev. La capitale, de nouveau bombardée cette nuit, est en passe d'être assiégée par l'armée de Moscou. Le ministère français des Affaires étrangères adresse un SMS aux Français localisés dans la capitale et leur intimant de saisir "ce qui pourrait être la dernière opportunité de quitter la ville".

"À mon avis, je vais partir demain ou après-demain", estime Jacques, un retraité français sur place, qui attend sa femme à Kiev. "Il n'y aura pas de sécurité, mais il faut qu'on prenne le risque parce que là, ça fait des boums partout, ils bombardent partout maintenant, ça devient de la folie", assure-t-il. "Mon épouse a pu arriver à trouver de l'essence, donc elle descend avec la voiture." Le retraité aurait aimé partir plutôt :"Si ma femme avait été là, c'est évident qu'on serait déjà partis, mais elle n'était pas là donc je l'attends." Jacques n'est d'ailleurs pas rassuré de la savoir loin. "Je suis inquiet parce qu'elle a 200 kilomètres à faire et ça ne va pas être facile sur la route. Je ne sais pas à quelle heure elle va arriver."

Des centaines de Français toujours sur place

De son côté, la France continue à pousser ses ressortissants à sortir du pays. Anne Genetet, députée des Français établis hors de France, députée LREM de la 11ème circonscription incluant les Français résidant en Europe orientale, était l'invitée d'Europe Midi. Les autorités ne connaissent pas le nombre exact de Français encore sur place, "à peu près quelques centaines, probablement 600-700", a expliqué la députée au miro de Romain Desarbres. "C'est difficile à dire parce que si vous voulez nos services ont recensé à peu près 1.000 Français qui s'étaient signalés entre ceux qui étaient partis et ceux qui étaient de passage", a-t-elle détaillé.

Une difficulté supplémentaire s'est ajoutée, le traçage de ces Français, "savoir qui a réussi à partir, qui a réussi à franchir la frontière", a détaillé Anne Genetet. Et la raison pour laquelle il est difficile pour la France d'être précise est simple : "Lorsque vous franchissez une frontière et que vous vous retrouvez enfin après un périple extrêmement long et exténuant en Pologne, en Roumanie ou en Moldavie, votre première idée n'est pas forcément d'appeler le consulat pour leur dire : 'Je suis sorti du pays.'"

Les Français en sécurité en Russie

Comment vont s'organiser les prochains rapatriements ces prochaines heures ? "Ça dépend où vous vous trouvez en Ukraine. La sortie peut se faire par la Moldavie ou la Hongrie." Mais le "contexte est extrêmement difficile puisque "l'ensemble du pays est en guerre" et qu'il "y a des points de contrôle partout et des panneaux de la circulation qui ont été modifiés volontairement pour perdre les troupes russes". Jean-Yves Le Drian se rend d'ailleurs en Moldavie aujourd'hui. Le ministère des Affaires étrangères appelle également les Français à quitter la Russie dans le cas où ils s'y trouveraient, pour une raison non-impérieuse ou non-essentielle.

D'après Anne Genetet, la sécurité des Français sur place "n'est absolument pas en danger" et "il n'y a pas non plus d'animosité de la part des Russes envers la communauté française". En revanche, précise-t-elle, "les sanctions ont un effet immédiat qui rend la vie quotidienne extrêmement difficile". En effet, les sanctions européennes impactent durablement la vie quotidienne en Russie : "Le rouble n'est plus convertible en euros. Il est compliqué de régler certaines factures. Certaines cartes de crédit Visa, MasterCard peuvent être impossibles à utiliser sur place", a détaillé la députée. Pour ces raisons, il est donc "recommandé à ceux qui n'ont pas l'obligation de rester sur la Russie d'envisager de la quitter par des moyens qui ont été décrits : aérien et terrestre, en voiture ou en bus."

La France accueillera des réfugiés

Emmanuel Macron le précisait dans son allocution : "Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie." Alors que le million de réfugiés ukrainiens vient d'être dépassé, dans quelles proportions la France va-t-elle accueillir des réfugiés ? "Tout dépend des communautés existantes dans chacun des pays", a assuré Anne Genetet, expliquant que "la France compte environ 17.000 Ukrainiens qui ont un titre de séjour en France", alors que certains pays voisins ont des communautés plus importantes. "C'est bien naturel que les Ukrainiens aillent rejoindre en priorité leur famille et leur communauté, donc, il n'est pas certain que la France ait un afflux très important."

Pour autant, "nous aurons malgré tout des Ukrainiens n'ont peut-être pas encore de famille en Europe" a détaillé la députée LREM. La France prendra toute sa part dans cette crise humanitaire, affirme Anne Genetet. "Gérald Darmanin l'a annoncé ce matin : des titres de séjour de six mois, renouvelable jusqu'à trois ans, avec permis de travail et protection sociale, vont être proposés" aux Ukrainiens.