L'avocate Marie Dosé défend des familles de femmes de djihadistes.
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Marie Dosé, avocate de plusieurs familles de djihadistes, s'est offusquée mercredi sur Europe 1 de l'éventualité d'un transfert des femmes françaises de djihadistes de la Syrie vers l'Irak.
INTERVIEW

C'est l'une des options évoquées par le gouvernement français pour les femmes françaises de djihadistes aujourd'hui détenues en Syrie par les Kurdes : les transférer en Irak pour les juger là-bas. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, l'a évoqué mercredi sur BFMTV. S'opposant catégoriquement à leur rapatriement en France, il a estimé que les juger en Irak serait "une bonne opportunité". Marie Dosé, avocate de plusieurs des familles de ces femmes, s'y oppose avec vigueur. "On est en train de faire n'importe quoi", a-t-elle martelé sur Europe 1 mercredi.

"Ces femmes vont se retrouver avec leurs enfants dans des geôles irakiennes, là même où est né l'État islamique", a relevé l'avocate. Qui rappelle que la justice irakienne "torture et condamne à mort". Marie Dosé fustige le "populisme" de Jean-Yves Le Drian. "Imaginez-vous, aujourd'hui, qu'un ministre affiche clairement sa préférence entre la justice irakienne et la justice antiterroriste française ?"

Un tribunal pénal international "pas réalisable"

L'avocate a souligné que "ces femmes ne sont judiciarisées qu'en France". "Elles sont toutes sous le coup d'un mandat d'arrêt international français. Les juges antiterroristes enquêtent sur ce qu'elles ont fait là-bas, ce qu'elles ont fait en France, depuis des mois, parfois des années." Il est donc beaucoup plus logique, selon elle, de rapatrier les détenues.

Selon leurs familles et leurs avocats, une centaine de mères et environ 200 enfants français, aux trois quarts âgés de moins de 5 ans, sont détenus en Syrie. Enfin, a rappelé Marie Dosé, "les transferts de ressortissants du Kurdistan syrien vers l'Irak sont illégaux. Jean-Yves Le Drian a déjà eu à s'expliquer devant les Nations unies qui s'en sont ouvertement offusquées."

Une autre hypothèse a émergé : celle de la création d'un tribunal pénal international. Mais Maris Dosé, là encore, n'y croit pas. "Personne n'y croit à cette hypothèse. Elle a déjà été évoquée, elle se heurtera au droit international et au veto des États-Unis. Est-ce que vous vous rendez compte du temps que cela prend ? Vous êtes ici dans une zone extrêmement instable, ce n'est pas réalisable."