Royaume-Uni : la direction du Labour tente de mettre fin aux accusations d'antisémitisme

Le Labour de Jeremy Corbyn doit affronter des accusations d'antisémitisme.
Le Labour de Jeremy Corbyn doit affronter des accusations d'antisémitisme. © NIKLAS HALLE'N / AFP
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avec AFP
Le parti se déchire autour de la définition de l'antisémitisme élaborée par l'Alliance internationale pour le souvenir de l'Holocauste, et que le Labour hésite à adopter dans son intégralité. 

La direction du Labour, principal parti d'opposition au Royaume-Uni, se réunit mardi pour discuter d'un nouveau code de conduite sur l'antisémitisme  après la multiplication des accusations contre certains de ses membres, y compris son dirigeant Jeremy Corbyn.

Corbyn reconnaît que le parti a un "réel problème" avec l'antisémitisme. Le Comité exécutif national (NEC) du parti travailliste doit décider d'adopter ou non la définition intégrale de l'antisémitisme élaborée par l'Alliance internationale pour le souvenir de l'Holocauste (IHRA). Le parti a fait l'objet d'attaques récemment après avoir refusé d'adopter certains éléments de cette définition, Jeremy Corbyn reconnaissant dans la foulée que sa formation avait un "réel problème" d'antisémitisme en son sein tout en assurant que "restaurer la confiance" avec la communauté juive était sa priorité.

Le code de conduite adopté mi-juillet par le parti précise que l'"antisémitisme est une forme de racisme" mais omet de citer des comportements considérés comme discriminatoires, de crainte que cela l'empêche de critiquer Israël.
En réaction, trois journaux juifs britanniques, le Jewish Chronicle, le Jewish News et le Jewish Telegraph, avaient accusé Jeremy Corbyn de poser "une menace existentielle" à la communauté juive.

La polémique sur la position du Labour a encore accentué les divisions au sein du parti entre les partisans de Corbyn, chantre de la gauche radicale, et les tenants d'une ligne plus centriste.

La polémique accentue la fracture entre les militants. Mardi, une cinquantaine de personnes ont manifesté devant le siège du Labour à Londres à l'appel du mouvement pro-Corbyn "Momentum" pour appeler la direction du parti à ne pas adopter dans son intégralité la définition de l'antisémitisme de l'IHRA. "Cette définition est conçue pour associer l'antisémitisme à la critique d'Israël et à la critique du sionisme", a estimé un des participants, Stan Keable, selon qui cette polémique cache en fait une tentative de l'aile droite du parti de se débarrasser de Jeremy Corbyn. "C'est une lutte pour le contrôle du parti travailliste", a-t-il encore dit.

Face à ce rassemblement, une contre-manifestation a réuni une dizaine de personnes dont certaines brandissaient ou étaient drapées dans des drapeaux israéliens. "La population juive du Royaume-Uni est menacée", a déclaré l'une d'elles, Damon Lenszner, accusant Jeremy Corbyn d'être "antisémite". "Dans tous les pays, l'extrême gauche a toujours eu un problème d'antisémitisme, de même que l'extrême droite", a-t-il ajouté.