Rome : enquête judiciaire après des incidents anti-Roms à caractère raciste

Le ministre de l'Intérieur italien, à l'origine de plusieurs déclarations polémiques sur les Roms, a condamné les violences de mardi soir.
Le ministre de l'Intérieur italien, à l'origine de plusieurs déclarations polémiques sur les Roms, a condamné les violences de mardi soir. © AHMAD GHARABLI / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans la banlieue de Rome, plusieurs centaines d’habitants et de militants ont violemment manifesté mardi soir contre l’accueil de familles roms dans un immeuble municipal. 

La justice a ouvert une enquête après des incidents dans la banlieue de Rome, où près de 200 habitants et militants néofascistes ont brûlé des poubelles et crié des slogans racistes pour protester contre l'arrivée de familles roms dans un centre d'accueil temporaire. L'enquête a été ouverte pour dégâts et menaces avec la circonstance aggravante de la haine raciale.

"Non à toute forme de violence, mais non aussi à qui décharge tous les problèmes sur les périphéries", a commenté le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite) sur les réseaux sociaux, tout en réaffirmant son objectif de fermer tous les camps roms avant la fin de son mandat. Les incidents se sont produits mardi soir dans l'est de la capitale, où environ 70 Roms, dont une trentaine de mineurs, ont été transférés dans un immeuble appartenant à la municipalité le temps de leur trouver un logement définitif.

L'intervention de groupuscules néofascistes

Quelques dizaines d'habitants du quartier sont d'abord descendus dans les rues pour protester mais ils ont ensuite été rejoints par plusieurs autres dizaines de militants de CasaPound et Forza Nuova, deux groupuscules néofascistes. Selon la presse italienne, les manifestants ont incendié des poubelles et certains ont jeté et piétiné des sandwichs destinés aux familles roms. "Singe de merde, tu dois t'en aller, si tu sors je te tue", a hurlé l'un d'entre eux, tandis qu'un autre a lancé "on doit les brûler", rapporte le quotidien La Stampa, qui évoque aussi des slogans comme "Italie, fascisme, révolution".

Après avoir d'abord promis de ne pas céder à la violence, la maire de Rome, Virginia Raggi, a finalement annoncé mercredi le transfert de ce groupe de Roms, tout en annonçant l'ouverture d'une enquête sur la gestion de cette affaire.Les Roms seront divisés en plusieurs petits groupes et répartis dans d'autres structures d'accueil de la capitale. Mercredi, des dizaines de militants ont accompagné avec des insultes et des saluts nazis le départ des premiers groupes. Et CasaPound a annoncé une nouvelle manifestation samedi dans le quartier.

Jusqu’à 180.000 Roms et Sintis en Italie

À son arrivée au pouvoir en juin 2018, Matteo Salvini avait provoqué la polémique pour avoir suggéré un recensement des roms pour faciliter l'expulsion des étrangers en situation irrégulière et pour avoir ajouté : "les Roms italiens, malheureusement, tu dois te les garder à la maison".

Selon l'Association 21 juillet, il y a en Italie entre 120.000 et 180.000 Roms et Sintis. Environ 16.400 vivent dans des camps disséminés sur le territoire, dont une quinzaine à Rome. Dans ces camps, 43% des résidents sont Italiens. Souvent accusés de vols et trafics en tout genre, les Roms ont du mal à s'insérer en Italie, surtout dans la capitale où le crime organisé est pour partie entre les mains de clans d'origine Sinti.