Venezuela 1280 Luis ROBAYO / AFP 1:30
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Pascal Meinau (envoyé spécial à Caracas), édité par Anaïs Huet , modifié à
De nombreux Vénézuéliens sont sans nouvelle de leurs proches après les manifestations d'opposants au président élu Nicolas Maduro ces derniers jours. Selon les ONG, au moins 35 personnes sont mortes.
REPORTAGE

D'une main, Carmen Quintero agrippe son sac à main. De l'autre, la rampe de l'escalier qui mène aux bureaux d'une ONG. Cette retraitée vient demander de l'aide car elle n'a plus aucune nouvelle de son fils, après son arrestation mercredi dernier, lors d'une manifestation d'opposants à Nicolas Maduro, dans les rues de Caracas, la capitale vénézuélienne.

"Mon fils a été traîné au sol". "Je sais juste qu'il a des blessures à l'abdomen, au dos et au menton car il a été traîné au sol. Je ne sais rien de son dossier. J'espère seulement qu'ils ne vont pas le transférer à la prison Rodéo… C'est la plus dangereuse du pays", s'émeut-elle.

Des arrestations "sans mandat judiciaire". Alors que l'étau se resserre contre le président vénézuélien élu et que les manifestations d'opposants s'intensifient, les ONG implantées dans le pays ont recensé 850 arrestations en moins d'une semaine. La grande majorité d'entre elles ne se sont pas produites durant les manifestations, mais en marge, dans les quartiers pauvres. "Ce n'était pas seulement des manifestants. Les militaires et les policiers sont entrés dans les maisons en défonçant les portes, et ont arrêté des gens sans aucun mandat judiciaire", rapporte Alfredo Romero, du collectif Foro Penal.

Les quartiers populaires visés. Rafael Uzcategui, le directeur de l'ONG Provea va même plus loin en accusant les policiers d'avoir assassiné des manifestants. "Nous avons le chiffre vérifié, avec le prénom, le nom, l'endroit et les responsables présumés, de 35 personnes assassinées au cours des manifestations. Parmi elles, huit ont été exécutées de manière illégale lors de ces opérations dans les quartiers populaires", lâche-t-il au micro d'Europe 1.

De nouvelles manifestations prévues. Les ONG estiment à près de 1.000 le nombre de prisonniers politiques au Venezuela, un record pour le pays. Le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, a appelé à deux nouvelles manifestations, mercredi et samedi, pour faire basculer l'armée, principal soutien du président élu, et accompagner l'ultimatum européen en faveur d'élections libres.