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Pascal Meinau au Venezuela, édité par Romain David , modifié à
Alors qu'un bras de fer s’engage entre Juan Guaido, président auto-proclamé, et Nicolas Maduro, président toujours en fonction, le Venezuela continue de s’enfoncer dans la crise économique.
REPORTAGE

>> Au Venezuela, le président auto-proclamé Juan Guaido a appelé à de nouvelles manifestations pour mercredi et pour samedi. Son objectif : faire basculer l'armée qui soutient toujours Nicolas Maduro, pour pouvoir permettre la tenue d'élections libres. Reconnu par de plus en plus de pays occidentaux, il espère une issue rapide, alors que le pays est ébranlé par une crise économique sans précédent. Plus de 90% de la population vivrait en effet sous le seuil de pauvreté. Notre reporter a pu mesurer les difficultés rencontrées par les locaux, accablés par la crise.

Vivre dans un pays exsangue. Pour les Vénézuéliens qui n'ont pas encore fui le pays, le quotidien est devenu un long tunnel sans lumière à l'horizon. Dans leur salon bien rangé, Maria et Pablo regardent la télévision à longueur de journée. Ce couple travaille encore, dans le secteur du tourisme, mais ils ont perdu 90% de leur salaire. Alors ils restent chez eux, car ils ne peuvent plus s’offrir de sortie.

Et lorsqu’ils veulent faire la vaisselle ou aller aux toilettes, c’est le même rituel. Il faut utiliser des bidons d’eau. Depuis cinq ans, leur quartier de classe moyenne n'est plus alimenté en eau qu'une fois par semaine, "C'est le mercredi, alors on remplit toutes les bouteilles ce jour-là, et on tient une semaine", explique Maria.

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Mais le pire pour ces parents d’une petite fille de 10 ans reste le prix exorbitant des aliments de base. "Le kilo de pommes de terre coûte 10.000 bolivars (environ 0,04 euros), une boîte de 30 œufs, c'est 12.000 bolivars, alors que le salaire minimum est de 18.000 bolivars (environ 0,06 euros). On a une petite fille de 10 ans, en pleine croissance. Elle a besoin de protéines, alors on achète quand même du poisson, de la viande et du lait, mais beaucoup moins qu'avant", poursuit cette mère.

La fuite comme seule issue. Et lorsqu’on leur demande s’ils envisagent de quitter un jour le pays, Pablo répond, le cœur lourd : "Oui, on va partir, car notre fille va rentrer au collège. On ne peut pas se permettre de rester ici". Et si Juan Guaido arrive au pouvoir ? "Je pense que non, car même s'il arrive au pouvoir, le pays mettra cinq ans à se relever. On ne peut plus attendre, il s'agit de l'avenir de notre fille." Maria et Pablo prévoient donc de quitter le Venezuela, quoiqu’il arrive cet été, pour rejoindre leur famille déjà partie en Espagne.

Chaque jour, ce sont environ 2.000 personnes qui passent la frontière pour aller vivre en Colombie. Depuis cinq ans, plus de trois millions et demi de Vénézueliens se sont réfugiés à l’étranger, soit l'équivalent d'un habitant sur dix.