Les élections iraniennes auront lieu vendredi. 2:40
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Jean-Sébastien Soldaïni, édité par Manon Bernard , modifié à
Les Iraniens sont appelés aux urnes, vendredi, pour choisir leur nouveau président, le successeur de l'actuel président modéré Hassan Rohani. Entre l’accord nucléaire, les sanctions contre la vente du pétrole ou encore l’équilibre du pays, les enjeux sont importants. Europe 1 les décrypte pour vous.  
DÉCRYPTAGE

Changement de visage au cœur de la politique iranienne : les électeurs votent vendredi pour élire un nouveau président. Au terme d’un scrutin verrouillé, le nom du successeur d’Hassan Rohani, l’actuel modéré, sera révélé. Pour l’heure, la victoire semble promise à l’ultra-conservateur Ebrahim Raïssi, considéré comme le fils spirituel du Guide Ali Khamenei.

Un tenant de la ligne dure du régime à la présidence iranienne, c’est un peu comme si les astres étaient en train de s’aligner. Si Ebrahim Raïssi gagne vendredi, l’Iran se retrouve avec un président sur la même ligne que le Guide suprême. Il aurait aussi le soutien des Gardiens de la Révolution et un Parlement qui lui est acquis. Résultat : plus de cohérence dans les positions iraniennes et plus de stabilité.

"Il négociera avec les Etats-Unis s’ils pensent qu’ils sont de bonne foi"

Et même si les conservateurs prennent le pouvoir, les discussions en cours à Vienne sur l’accord nucléaire ne seront pas compromises. "Quel que soit le président élu, il négociera avec les Etats-Unis s’il pense qu’ils sont de bonne foi", assure un professeur de relations internationales influent. C’est d’ailleurs lui qui se charge de faire passer les messages conservateurs à la presse étrangère. "L’Iran apprécie d’avoir de bonnes relations avec l’Europe. Le problème, c’est que pour l’instant les Européens ne viennent pas vers nous", ajoute-t-il.

Cet accord nucléaire, qu’on disait presque enterré, pourrait donc être réactivé. Si Ebrahim Raïssi veut séduire une population largement lassée par la politique, il doit obtenir la levée des sanctions. "Il sait que c’est important parce qu’il s’agit d’économie et donc de manger pour le peuple iranien. Nous ne pouvons plus nous payer de viande, ni de poulet, ni d’œufs", commente-t-il. "Au début, les conservateurs vont montrer les muscles", poursuit le prof d’anglais. Mais "sans cet accord", il serait impossible pour les conservateurs de "gouverner le pays".

Un enjeu économique et politique

Ce discours vaut aussi chez les opposants politiques d’Ebrahim Raïssi. L’ancien élu réformateur Mustafa Tarjizadeh en est persuadé : la levée des sanctions est l’objectif numéro 1 des durs du régime. "L’accord nucléaire finira par être appliqué et les problèmes économiques liés aux sanctions seront réglés", assure-t-il. Avant d’ajouter : "l’Iran pourra même vendre à nouveau son pétrole". 

Le pétrole iranien est essentiel économiquement mais aussi politiquement. Les conservateurs pourraient se prévaloir d’être ceux qui ont relancé le pays, là où les modérés ont échoué. Si Ebrahim Raïssi est élu, il serait aussi conforté à un moment clé. Un moment où la succession de l’ayatollah Khamenei, âgé de 81 ans, se prépare. Et pour assurer la survie du régime des mollahs, les conservateurs doivent avoir les coudées franches.