Proche-Orient : "La coalition d'Ahmed al-Charaa", composée d'anciens djihadistes, "ne lui obéit pas", souligne Frédéric Encel
Alors que les affrontements dans la province de Soueïda ont provoqué le déplacement de plus de 128.000 personnes, le géopolitologue Frédéric Encel estime qu'il ne peut y avoir aucune confiance envers le régime syrien d'Ahmed al-Charaa. Invité d'Europe 1 Midi Week-end, il a estimé que le chef d'État était "faible".
Depuis le début des affrontements dans le sud de la Syrie, plus de 1.000 personnes sont mortes, notamment parmi la communauté druze. Ce matin, le gouvernement syrien, mené par Ahmed al-Charaa, a annoncé l'arrêt des combats avec un cessez-le-feu en vigueur dans la province de Soueïda. Invité d'Europe 1 Midi Week-end, le géopolitologue Frédéric Encel soutient qu'il ne peut y avoir aucune confiance envers le régime syrien.
"De véritables massacres" de druzes
"La réponse est non pour deux raisons. D'abord, parce qu'en dépit de sa bonne volonté affichée, Al-Jolani (nom de combattant d'al-Charaa, NDLR) est faible. Il est à la tête d'une coalition qui pour partie ne lui obéit pas, même lorsqu'il affirme qu'il faut absolument promouvoir la paix. Mais la deuxième raison, c'est que les miliciens qui composent sa coalition, pour la quasi-totalité d'entre eux, sont des anciens djihadistes. Et vous ne savez jamais dans quelle mesure ils sont sincèrement et réellement repentis ou s'ils ne le sont pas", a-t-il analysé.
L'auteur de La Guerre mondiale n'aura pas lieu a estimé la problématique principale était le traitement des druzes, "une population minoritaire" mais au nombre d'un million dans le sud de la Syrie. "Ils ne sont pas considérés comme de véritables musulmans par les islamistes. Alors, à partir du moment où vous avez au pouvoir une coalition faite de différentes milices islamistes et parfois radicales, vous imaginez bien ce que cela peut donner."
Et en l'occurrence, le géopolitologue parle de "véritables massacres" et réfute le terme de "combats intercommunautaires". "Il y a effectivement un certain nombre de cas de figure où des miliciens druzes se sont vengés. Mais dans la ville de Soueïda, qui est la première ville druze de Syrie, ce sont bien des miliciens gouvernementaux soutenus parfois par des bédouins locaux qui sont venus massacrer les druzes", a-t-il assuré.
Depuis le début des affrontements, plus de 128.000 personnes se sont déplacés par la fuite, selon l'ONU.