Trump et Biden 2:42
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Didier François, édité par Manon Bernard , modifié à
Après une soirée électorale à rallonge, les résultats de la présidentielle américaine ne sont toujours pas tombés. Cette situation gelée pourrait durer des jours, des semaines voire des mois. D'autant plus que Donald Trump entend saisir la Cour Suprême pour contester une "fraude électorale".

Au lendemain d'une soirée électorale mouvementée, les Américains ne connaissent toujours pas le nom de leur nouveau président. Entre les deux candidats, l'écart est serré. Pour l'instant, on dénombre 237 voix pour Joe Biden contre 213 voix pour Donald Trump. Mais rien n'est joué puisque sept Etats n'ont pas encore terminé de dépouiller les bulletins de vote. Une certaine frustration se fait ressentir dans le monde entier, qui a les yeux rivés sur cette présidentielle américaine. Et l'incertitude ambiante est partie pour durer... 

Un système électoral particulier

Il faudra être patient avant de connaitre le nom du nouveau président des États Unis. La faute à un fonctionnement trompeur puisqu'en France, on a plutôt l'habitude des journées électorales avec des résultats qui tombent assez vite, pratiquement dès 20 heures, le soir même du vote. Mais aux États-Unis, ce n'est pas du tout la même configuration. D'abord parce que le pays est beaucoup trop grand : on compte plus de 230 millions d'électeurs répartis dans 50 Etats et le Disctrict de Columbia. Il faut donc imaginer ce que serait une élection à l'échelle de l'Union Européenne et ses 27 pays membres.

Surtout, chaque État américain a des règles électorales particulières et donc son propre rythme de comptage. Par exemple, certains d'entre eux accordent aux services postaux un délai d'acheminement des bulletins par correspondance qui ont été validés avant le jour de l'élection mais qui ne seraient pas encore arrivés dans les bureaux de vote. Une fois que les Américains ont voté, c'est au tour des grands électeurs d'élire le président des États-Unis. Il faut 270 voix de grands électeurs pour remporter l'élection.

Ce qui fait que, même en temps normal, on attend déjà plusieurs jours voire plusieurs semaines avant d'avoir un résultat consolidé ou une estimation sérieuse... Et tout ça en dehors des recours juridiques.

PODCAST - (Ré)écoutez Mister President

Le politologue Olivier Duhamel vous raconte l'incroyable histoire des élections présidentielles américaines depuis 1948, de Truman à Obama, de Kennedy à Clinton en passant par les Bush, père et fils… 

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Trump veut se battre en justice 

Mais cette incertitude, on pouvait s'y attendre. Avec l’épidémie de Covid-19 et l’énorme polarisation politique, on a battu des records absolus dans le vote par correspondance : plus de 100 millions de bulletins. L'enjeu était donc énorme. Donald Trump lui-même en a fait un élément central de sa stratégie électorale en dénonçant depuis des mois ce type de scrutin, censé le défavoriser, comme étant une source de fraude destiné à lui "voler sa victoire". 

Et c'est pour les mêmes raisons qu'il s'est battu pour nommer une juge conservatrice à la Cour suprême avant la présidentielle. Il savait que sa réélection pourrait dépendre d’une décision de cette instance à laquelle il a d’ailleurs demandé ce matin de faire arrêter le décompte des votes par correspondance dans les États où ils sont toujours en ballotage. Mais, selon les experts, il faudrait que les résultats soient extrêmement serrés et ses arguments solides pour que la plus haute juridiction du pays accepte d'intervenir.

En 2000, le duel épique entre George W. Bush et Al Gore autour des décomptes en Floride avait tenu en haleine l'Amérique pendant 36 jours. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est prévu par la Constitution que le collège des grands électeurs ne désigne le président des Etats-Unis qu’au mois de décembre.