Pourquoi Donald Trump s’intéresse-t-il autant aux minerais ukrainiens ?
Après plusieurs semaines de négociations, l'Ukraine et les États-Unis devraient signer prochainement un accord sur les minerais ukrainien. Ce grand pays d'Europe de l'Est, actuellement en guerre avec la Russie, possède près de 5% des ressources minières mondiales. Une opportunité importante pour Donald Trump, qui souhaite réduire la dépendance américaine aux minerais chinois.
L'accord est sur le point d'être signé. Après des semaines de négociations, l'Ukraine et les États-Unis auraient trouvé un accord sur l'exploitation des ressources minières ukrainiennes. Le président du pays, en guerre contre la Russie depuis près de trois ans, devrait se rendre à Washington pour signer les documents.
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump appelle Kiev à rembourser sa dette après trois ans d'aides financières et militaires. Mais en réalité, les États-Unis cherchent surtout à prendre une certaine indépendance en signant avec l'Ukraine cet accord.
Lutter contre le monopole chinois
Car la transition écologique, couplée au développement de l'Intelligence artificielle ou au développement de l'industrie aérospatiale, demande toujours plus de métaux. En témoignent les batteries des voitures électriques, qui nécessitent du lithium, ou encore du cobalt, en fonction de la chimie privilégiée par les différents constructeurs.
Des minerais que possède l'Ukraine. Kiev est assis sur près de 5% des ressources minières mondiales, indique l'édition 2024 de World Mining Data. Dans les faits, environ 2% des réserves mondiales de lithium se trouvent sous le territoire ukrainien, et même 20% des réserves mondiales de graphite. L'objectif est clair pour Donald Trump : s'émanciper de la Chine.
Car le principal rival des États-Unis possède d'immenses réserves de minerais essentiels pour les prochaines décennies. Selon l'agence internationale des énergies renouvelables, près de 70% du cobalt et 60% du lithium mondial, actuellement produits, sont raffinés dans l'Empire du milieu. Pire, ce chiffre atteint même les 100% pour le graphite.
"Depuis les années 90, les Américains ont laissé partir leur exploitation minière. Ils n'ont donc plus le contrôle de l'alimentation de leur industrie", insiste, dans les colonnes de Radio Canada, Michel Jébrak, professeur émérite du département des sciences de la terre et de l'atmosphère de l'Université du Québec.
Des métaux en territoire ukrainien occupé
"Sur les 50 métaux critiques identifiés par les États-Unis, Washington est dépendant d'un pays étranger pour 43 d'entre eux", poursuit-il. Avec l'accord, les États-Unis s'assurent un accès à au moins 20 minerais jugés stratégiques par le département de l'Intérieur américain. Selon l'accord entre les deux pays, les ressources seront exploitées conjointement et les revenus seront placés dans un fond américano-ukrainien.
Mais Donald Trump pourrait avoir accès à moins de ressources qu'il ne le pense, alors qu'une grande partie des minerais se trouve dans le Donbass, région de l'Ukraine actuellement occupée par la Russie. Ainsi, jusqu'à 40% des gisements de lithium ukrainiens sont actuellement sous contrôle russe, indique dans un entretien à France 24 Emmanuel Hache, directeur de recherche à l'Iris.