SpaceX, Blue Origin, Boeing... Pourquoi le secteur aérospatial américain est-il en pleine effervescence ?

Blue Origin marque une nouvelle étape dans son histoire. Le principal concurrent de SpaceX a envoyé sa fusée New Glenn en orbite. Comme les fusées de SpaceX, elle est destinée à envoyer des satellites en orbite et à préparer les prochains voyages vers des destinations lointaines. Mais pourquoi le secteur de l'aérospatiale est-il autant en ébullition ?
Lancement réussi pour Jeff Bezos. Après plusieurs reports, son entreprise spatiale Blue Origin a réussi à lancer sa fusée New Glenn et a atteint sa mission principale : mettre le deuxième étage de la fusée en orbite. Un lancement salué par Elon Musk en personne, pourtant patron de SpaceX, grande rivale de Blue Origin.
Les deux entreprises se livrent une féroce concurrence pour devenir le leader du secteur, celui qui réussira la prochaine étape de la conquête spatiale. Et elles ne sont pas les seules à vouloir inscrire leur nom dans l'histoire de l'aérospatiale américaine, puisque Boeing notamment participe aussi à la construction de fusées pour la NASA. Mais pourquoi autant d'entreprises américaines se sont-elles lancées dans la conquête spatiale ?
Fin de la guerre froide, le début de l'ère de l'aérospatiale privée
La fin de la guerre froide avec la chute du bloc soviétique a plombé le budget de la NASA. De 4% dans les années 1960, l'organisme voit son budget réduit à seulement 0,5% du budget fédéral total au début des années 2010, après la fin du programme de navette spatiale.
Mais en parallèle de ces coupes budgétaires, les États-Unis ont continué d'investir dans l'espace, et ont préféré se tourner vers les acteurs privés, encourageant l'apparition d'entreprises dans le secteur. Objectif affiché par la Maison Blanche : diminuer les coûts, tout en gardant son avance sur les autres nations.
Très vite, la NASA a passé plusieurs contrats avec SpaceX ou encore avec Blue Origin, afin de soutenir ces nouvelles entreprises et attirer l'investissement privé dans ces dernières, favorisant ainsi la naissance de l'âge "New Space".
Un potentiel financier immense
Et les immenses retombées économiques anticipées pour le futur favorisent la concurrence. Le forum économique mondial prévoit ainsi que le secteur pèse près de 1,8 billion de dollars d'ici 2035, contre 630 milliards aujourd'hui. D'autant que les nouveaux géants de l'aérospatiale rivalisent d'idées pour économiser de l'argent, à l'image de SpaceX, qui réussit à réutiliser ses lanceurs.
L'idée est d'ailleurs reprise par Blue Origin, puisque lors du lancement de la fusée New Gleen dans la nuit de mercredi à jeudi, le premier étage de la fusée devait réussir à atterrir pour être réutilisé. Mais l'opération a échoué, a annoncé la compagnie. "Grâce aux voyages spatiaux privés, le coût d'un lancement de fusée n'est plus qu'un cinquième de ce qu'il était il y a 15 ans", confie, dans une interview à l'Express, Robert Zubrin, expert en matière d'exploration spatiale.
Et le potentiel énorme de l'espace devrait encore tirer un peu plus les prix vers le bas. SpaceX tout comme Blue Origin, envisage ainsi dans les prochaines années de multiplier les lancements de satellites, mais aussi de réaliser de premières missions non habitées vers Mars. Boeing est aussi dans la course et participe activement avec la Nasa à la construction d'un nouveau système de lancement, ainsi qu'à la construction d'un vaisseau qui doit emmener des astronautes vers la Lune.
Enfin, le tourisme dans l'espace représente une manne financière importante. Un point sur lequel Jeff Bezos peut se vanter d'avoir pris de l'avance, puisque son entreprise propose déjà des places pour passer quelques minutes dans l'espace. Prix du billet : au moins 250.000 dollars (environ 243.000 euros). Comptez au moins 450.000 dollars chez le principal concurrent du secteur, Virgin Galactic. Enfin, SpaceX propose de passer plusieurs jours dans l'espace pour la modique somme de 55 millions de dollars. De quoi donner un avant-gout de la colonisation de Mars comme le rêve Elon Musk depuis des années ?