Les négociations du plan de relance européen s'annoncent très difficiles. 2:03
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Isabelle Ory édité par Manon Bernard
Les dirigeants européens se réunissent, jeudi, par visio-conférence pour aborder le plan de relance européen qui fait suite au coronavirus. Dans le viseur de l'Union Européenne, se trouve trois pays qui bloquent les négociations : la Hongrie, la Pologne et la Slovénie. Ils refusent catégoriquement que le versement des fonds soit soumis au respect de l'Etat de droit. 

Un nouveau sommet européen est prévu, jeudi, par visio-conférence. Les dirigeants de chaque nations européennes devaient parler de la coordination face au Covid-19, mais ils vont devoir gérer un autre crise encore plus urgente. La Hongrie, la Pologne, et désormais la Slovénie ont pris en otage le plan de relance européen et le budget de l’Union Européenne, ce qui représente 1.800 milliards d’euros au total. Les trois pays refusent que le versement des fonds soient conditionné au respect de l'État de droit. 

Trois pays de l'Est attaquent 

Le ton monte ainsi entre ces trois anciens pays communistes et le reste de l’Union Européenne… Une Union que les Hongrois vont jusqu’à comparer à l’URSS. Devant tous ses collègues, la ministre hongroise Judith Varga dénonce le nouveau mécanisme sur l’État de droit. Elle le juge arbitraire, et affirme qu'il il lui rappelle l’époque soviétique. "Comment peut-on raisonnablement imaginer que nous allons soutenir une telle proposition ? Nous avons chance de ne plus vivre dans un système où l’on peut être sanctionné pour 'déviation idéologique', même quand on respecte toutes les règles", lance Judith Varga. 

Les Hongrois et leurs alliés se sentent injustement ciblés pour leurs valeurs conservatrices et leur rejet des migrants… L’accusation fait bondir le ministre allemand Michael Roth : "L'État de droit n'est pas une idéologie. C'est inacceptable de comparer l'Union européenne à un régime autoritaire ou à une dictature !"

Un plan de relance sans ces trois pays serait-il possible ? 

Interpellé au Sénat hier à propos du blocage du plan de relance européen, le secrétaire d’État aux Affaire Européennes, Clément Beaune, a assuré que la l’UE et la France ne renonceront pas à ce mécanisme sur l'État de droit et qu’il était prêt à envisager un plan de relance sans ces pays récalcitrants. "Je le dis très clairement : la France ne renoncera ni à la relance, ni à ses valeurs et certainement pas à ce mécanisme sur l'État de droit. Nous regarderons, s'il le faut, en dernier ressort, comment avancer sans les pays qui bloquent. L'Europe ne peut pas être retenue en otage par un certain nombre de gouvernements qui ne souhaitent pas avancer, qui ne souhaitent pas respecter le socle essentiel de notre projet politique", a-t-il lancé. 

Même son de cloche aux Pays-Bas où le Premier ministre a même réfléchi tout haut à une Union sans la Hongrie ou la Pologne. Mais, à ce stade, il s'agit donc plutôt d'une menace agitée pour faire peur, une tactique politique. Les Européens veulent croire que quelques clarifications suffiront. Ils n'ont pas d'appétit pour un nouveau rétrécissement alors même que le Brexit est dans la dernière ligne droite.