Nobel de la paix : cinq choses à savoir sur le Programme alimentaire mondial

Programme alimentaire mondial PAM Nobel de la paix Roberto SCHMIDT / AFP
Le Programme alimentaire mondial a obtenu le prix Nobel de la paix. © Roberto SCHMIDT / AFP
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avec AFP
Le prix Nobel de la paix a été décerné vendredi au Programme alimentaire mondial (PAM), une organisation dépendante des Nations unies. Le PAM, fondé en 1961 et dont le siège est à Rome, vient en aide chaque année à des dizaines de millions de personnes dans le monde entier. 
DÉCRYPTAGE

Le Nobel de la paix a couronné vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies. Cette puissante organisation opère depuis près de six décennies dans les zones en proie aux calamités naturelles où aux conflits armés pour porter une aide d'urgence aux populations sans ressources. Chaque année, elle permet de nourrir des dizaines de millions de personnes dans le monde entier, du Yémen à la Corée du nord. Le PAM, qui se présente comme "la plus grande organisation humanitaire au monde", a fait part "d'un moment de fierté" avec ce prix Nobel. Voici cinq choses à savoir sur cette organisation, dont le rôle devrait être encore plus crucial avec la pandémie de coronavirus

Créé en 1962 à la demande de Dwight Eisenhower 

Le PAM a été créé en 1962 à la demande du président américain Dwight Eisenhower, officiellement pour doter la jeune ONU d'un bras alimentaire. En réalité "le PAM est né de la volonté du gouvernement américain de soutenir son agriculture nationale en rachetant les surplus agricoles aux États-Unis et en les distribuant dans les pays en voie de développement", explique un fonctionnaire du PAM sous le couvert de l'anonymat. Le PAM n'a que quelques mois d'existence lorsqu'un séisme frappe le nord de l'Iran, faisant 12.00 morts. En 1963, le premier projet du PAM consacré à l'alimentation à l'école voit le jour et en 1965 l'agence est pleinement intégrée aux Nations unies.

Une aide dans le monde entier, du Yémen à la Syrie en passant par la RDC 

Pas moins d'1,1 million de femmes et enfants de moins de cinq ans reçoivent un appui nutritionnel de la part du PAM chaque mois, comme en Syrie. Le PAM œuvre également en République démocratique du Congo, au Nigeria dans les Etats frappés par Boko Haram, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Sud-Soudan. "L'intervention d'urgence au Yémen est notre plus grande opération au monde", écrit le PAM sur son site. Près de 10 millions de Yéménites "sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë", assure le PAM. Le PAM affrète l'équivalent de 5.600 camions, 30 navires et près de 100 avions chaque jour, souvent via des ONG et des transporteurs privés. Localement, dans des pays inaccessibles, l'organisation utilise aussi des ânes.

Des sacs de blé aux valises de billets 

Le PAM a connu en plus de 60 ans une large "sophistication" de ses moyens d'action. Alors que ses missions originelles consistaient, pour l'essentiel, à porter des denrées d'un point A à un point B, le PAM fonctionne avant tout aujourd'hui en fonction de programmes alimentaires, éducatifs, nutritionnels, répartit les fonds récoltés pour un usage optimal, distribue des bons d'achat ou des sommes en espèces. Son rôle dans l'éducation des populations ciblées à la bonne alimentation est aussi essentiel. "Avant on donnait des calories, maintenant l'accent est mis sur les besoins particuliers, les femmes enceintes ou allaitantes par exemple. Cela passe par ds l'éducation locale. Les enfants mal nourris, c'est à la fois le manque d'accès à la nourriture mais c'est aussi la prévention, avec le lavage de mains, etc...", explique le fonctionnaire.

L'aide d'urgence, mais aussi la reconstruction et l'aide au développement pour missions

Le PAM se concentre sur l'aide d'urgence, ainsi que sur la reconstruction et l'aide au développement. Deux-tiers de son travail s'effectue dans des zones de conflit. "Les situations sont toujours plus compliquées. Il y a souvent une confusion des rôles entre militaire et humanitaire, par exemple au Sahel où les ONG sont obligées d'opérer avec des escortes militaires", explique le fonctionnaire onusien. Le PAM œuvre étroitement avec deux autres agences onusiennes également basées à Rome: La FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), et le Fonds international de développement agricole (FIDA).

Le PAM, qui emploie 17.000 personnes, est entièrement financé par des dons, la plupart venant des Etats. Il a levé 8 milliards de dollars en 2019. Sans le PAM "les bailleurs de fonds passeraient à travers une myriade d'ONG, ce qui rendrait la coordination extrêmement difficile", note le fonctionnaire de l'agence.

Des centaines de millions de personnes à secourir

Plus de 821 millions de personnes dans le monde souffrent de faim chronique, alors que 135 millions d'autres connaissent la famine ou des carences critiques en alimentation, auxquelles pourraient s'ajouter 130 millions de personnes supplémentaires à cause de la pandémie.

Le nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë dans le monde a bondi de près de 70% ces quatre dernières années, et la crise économique résultant de la crise sanitaire pourrait entraîner une "pandémie de faim", s'alarme le PAM, en particulier en Amérique du Sud, en Afrique australe, centrale et de l'ouest. "Nous avons un besoin urgent du soutien additionnel des donateurs, qui bien sûr sont déjà fortement sous tension en raison de l'impact de la pandémie dans leurs propres pays", explique le porte-parole du PAM à Genève, Thomas Phiri.