Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est engagé vendredi devant l'ONU à continuer à frapper le Hezbollah au Liban, et à poursuivre la guerre à Gaza contre le Hamas "jusqu'à la victoire", rejetant les appels à faire taire les armes pour éviter un embrasement régional. "Tant que le Hezbollah choisit la voie de la guerre, Israël n'a pas d'autre choix", a affirmé Benyamin Netanyahu, au cinquième jour de meurtrières frappes aériennes menées par son armée contre le mouvement armé libanais, qui a lui tiré à nouveau des roquettes vers le territoire israélien.
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La période "la plus meurtrière" depuis 2006 au Liban
Ces opérations se poursuivront "jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints", a-t-il ajouté devant l'Assemblée générale de l'ONU, dans un discours boycotté par plusieurs délégations, douchant les espoirs d'une trêve temporaire de 21 jours proposée mercredi par la France et les Etats-Unis rejoints par de nombreux pays occidentaux et arabes. Depuis lundi, les massifs bombardements israéliens visant à affaiblir le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du mouvement islamiste palestinien Hamas, ont fait plus de 700 morts au Liban, en majorité des civils selon le ministère libanais de la Santé.
Le Liban connaît sa période la plus meurtrière en "une génération", a averti vendredi l'ONU. Une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah sera "aussi courte" que possible, a assuré vendredi un responsable israélien de la sécurité, alors que le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre. L'armée israélienne a annoncé vendredi avoir mené "des dizaines de frappes" contre le Hezbollah, dont les roquettes visent presque quotidiennement le nord d'Israël depuis l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas sur le sol israélien, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Le puissant mouvement libanais a promis de continuer ses attaques "jusqu'à la fin de l'agression à Gaza". Au total, plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban depuis le début des tirs transfrontaliers entre le Hezbollah et l'armée israélienne il y a près d'un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et la formation islamiste libanaise en 2006.
"Tout s'effondre autour de nous", a confié à l'AFP un homme d'affaires libanais de 55 ans, Anis Rubeiz. "Je ne vois aucun espoir à l'horizon, pas même un rayon de lumière". L'Unicef s'est alarmée du "rythme effrayant" auquel les enfants sont tués par les bombardements, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage, qui privent "30.000 personnes d'accès à l'eau potable" dans l'est et le sud du Liban.
Le Hezbollah a lui revendiqué vendredi des tirs contre Israël sur le secteur de Kyriat Ata, dans la baie d'Haïfa, qui abrite de nombreuses industries, notamment de défense, et sur la ville de Tibériade, à une trentaine de kilomètres au sud de la frontière. L'armée israélienne a également indiqué avoir intercepté quatre drones tirés depuis le Liban vers la zone frontalière de Rosh Hanikra et riposté à un tir de roquettes vers Haïfa, le grand port du nord d'Israël.
Cinq militaires syriens ont par ailleurs été tués dans une frappe israélienne près de la frontière avec le Liban, selon l'agence officielle Sana. Les bombardements israéliens ont jeté 118.000 personnes cette semaine sur les routes au Liban, selon l'ONU. A Baakline, au sud-est de Beyrouth, Hala Zeidan accueille depuis lundi deux sœurs originaires du sud et le petit garçon de l'une d'elles, âgé de 10 ans. "C'est notre pays et (...) nous pourrions tous devenir des déplacés. Nous devons faire preuve de compassion", explique cette enseignante de 61 ans.
"Guerre dévastatrice"
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a mis en garde jeudi contre une "guerre totale" qui "serait dévastatrice pour Israël et le Liban", estimant qu'un cessez-le-feu pourrait aussi permettre de conclure un accord de trêve à Gaza. Israël, qui a déplacé le centre de gravité de la guerre de la bande de Gaza, au sud, vers la frontière avec le Liban, au nord, affirme opérer contre le Hezbollah pour permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants qui ont fui les tirs de roquettes du Hezbollah.
Selon le gouvernement israélien, 9.360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d'un an. "C'est une véritable angoisse. Nous ne savons pas ce qui va se passer, si les roquettes vont se rapprocher, si elles vont atteindre Haïfa", a témoigné Fida Khoury, une habitante de cette ville âgée de 28 ans.
L'armée israélienne a par ailleurs annoncé avoir intercepté un missile tiré dans la nuit depuis le Yémen. Les rebelles houthis, eux aussi soutenus par l'Iran, ont revendiqué une attaque de missile et de drone en Israël. "A Gaza, nous nous battrons jusqu'à obtenir une victoire, une victoire totale" si le Hamas ne dépose pas les armes et ne libère pas tous les otages, a aussi martelé Benyamin Netanyahu à la tribune de l'ONU.
Israël y poursuit son offensive, lancée le 7 octobre 2023 en riposte à l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l'armée. En représailles, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son offensive à Gaza a fait jusqu'à présent 41.534 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.