Les manifestations contre le président Alexandre Loukachenko se sont poursuivies ce week-end. 1:22
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Rémi Bostsarron avec AFP
Maria Kolesnikova, dernière figure médiatique de l'opposition biélorusse au président Alexandre Loukachenko a été arrêtée lundi, à proximité de la frontière ukrainienne. Plusieurs versions s'affrontent quant aux conditions d'interpellation de cette femme de 38 ans. 

La répression se poursuit en Biélorussie, où l'une des trois principales opposantes au président Alexandre Loukachenko a été arrêtée lundi. Maria Kolesnikova, 38 ans, était la seule à être restée au pays, et à ne pas avoir choisi l'exil à l’issue de l’élection présidentielle controversée du 9 août 2020. Les deux autres, Svetlana Tikhanovskaïa et Veronika Tsepkalo, ont dû partir, respectivement en Lituanie et en Russie.

Pourquoi Maria Kolesnikova a-t-elle été arrêtée ?

Deux versions s'affrontent à propos de l’arrestation de Maria Kolesnikova à la frontière avec l'Ukraine. Les gardes-frontières biélorusses affirment qu'elle se trouvait avec deux autres opposants dans une voiture qui fonçait vers la frontière. Et selon eux, elle aurait été pratiquement jetée de cette voiture, comme si ses camarades avaient voulu se débarrasser d'elle. Toujours selon les gardes-frontières, deux autres membres comme elle du Conseil de coordination de l'opposition, qui vise à organiser une transition du pouvoir, ont passé la frontière. Il s'agit d'Anton Rodenkov et Ivan Kravtsov.

La version ukrainienne est très différente. Selon Kiev, Maria Kolesnikova se trouvait effectivement dans une voiture, mais parce que les autorités biélorusses tentaient de l'expulser, la jeune femme aurait résisté et c'est ce qui lui vaudrait donc d'être aujourd'hui détenue. Cette version semble une suite logique de la disparition de l'opposante, signalée lundi à Minsk. Les partisans de Maria Kolesnikova disent qu'elle a été enlevée, embarquée dans un véhicule contre son gré, dans une nouvelle tentative d'exil forcé. Il s’agit une habitude du pouvoir biélorusse, qui aurait donc ciblé cette fois cette jeune femme de 38 ans.

Comment est-elle devenue une figure charismatique de l’opposition ?

Reconnaissable à ses courts cheveux platine, cette flûtiste professionnelle et polyglotte est devenue une icône de l'opposition par hasard cet été, quand le candidat dont elle était la directrice de campagne a été incarcéré. Très à l'aise devant les foules et devant les caméras, elle a donc poursuivi son combat jusqu'à finir en détention. Elle est la dernière figure de l'opposition toujours présente sur le territoire biélorusse.

Comment réagit la communauté internationale ?

Sur Twitter, le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab s'est dit "très préoccupé" tandis que le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, assurait dans le quotidien Bild que l'Allemagne "exige de savoir où elle est". Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a également appelé lundi les autorités biélorusses à "la libération immédiate" des opposants politiques et rappelé qu'elle imposerait des sanctions "aux personnes responsables" de la répression dans le pays. Peter Stano, porte-parole de la Commission européenne, a dénoncé de son côté comme "inacceptable" la "répression continue des autorités contre la population civile, les manifestants pacifiques et les militants politiques".

Le ministère de l'Intérieur biélorusse, de son côté, a indiqué ne pas avoir d'information sur ces disparitions.